
Inspecteur Gadget
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 3 octobre 2025 11:23
- Écrit par Claude Séné

Il faut reconnaître que la mission du nouveau, et peut-être éphémère, Premier ministre, s’apparente fortement à une mission impossible telle que la fameuse quadrature du cercle, coincé entre des exigences contradictoires, contraint de chercher des alliances avec des interlocuteurs incompatibles. On peut commencer à se faire une idée des méthodes que compte utiliser Sébastien Lecornu, à défaut de définir clairement un programme et des orientations sur lesquelles les Français pourraient se déterminer. Le Premier ministre consulte. Écoute beaucoup. Plusieurs fois. Mais il ne propose que très peu. Quand le silence devient trop pesant, et que les manifestations de rue se poursuivent, malgré un certain tassement, il fait fuiter des informations, comme autant de ballons d’essai.
L’avantage de ces « indiscrétions » très contrôlées, c’est que le Premier ministre n’y indique que des pistes de réflexion et qu’il pourra nier, comme dans le feuilleton télévisé, avoir tenu de tels propos. Les quelques mesures envisagées sont, de toute manière, très consensuelles. Qui s’opposerait à une amélioration du pouvoir d’achat des Français les plus modestes, selon le terme à la mode qui évite de les qualifier de pauvres ? Malheureusement, les timides avancées en direction d’une gauche échaudée par les gouvernements précédents suffisent à dissuader les LR d’apporter un soutien automatique et une participation au futur gouvernement. Comme preuve de bonne volonté, Sébastien Lecornu s’est engagé à renoncer à l’utilisation du 49.3 pour écourter les débats et faire passer en force les lois, notamment sur le budget de l’état ou de la Sécurité sociale. Le dernier qui a pris ce genre de risque occupait son fauteuil il n’y a pas si longtemps, et il demandait aux députés de lui accorder une confiance, que d’ailleurs, il n’obtint jamais.
J’ai bien peur que cet engagement ne résiste pas au premier débat à l’Assemblée nationale, quand le Premier ministre devra présenter des orientations dans une déclaration de politique générale, qui sera suivie, ou non, d’un vote. Mis à part François Bayrou, les prédécesseurs de Sébastien Lecornu se sont prudemment abstenus de demander une approbation ne reposant que sur du vide. Tout ce que cherche le Premier ministre, c’est de gagner du temps pour faire passer, à l’usure, un budget où l’on mettra, comme d’habitude, la poussière sous le tapis, tout en donnant quelques gages aux différentes forces politiques, et en se gardant bien de toucher aux grandes lignes du partage de la richesse, celles-là mêmes qui ont valu à Emmanuel Macron le surnom mérité de « Président des riches ». Grâce à lui et à sa politique, la France est le troisième pays, derrière les États-Unis et la Chine, qui compte le plus de millionnaires, devant le Japon, l’Allemagne et le Royaume uni.