Métaphores

La politique est souvent réduite à des petites phrases destinées à frapper l’opinion en résumant un propos de façon lapidaire, ce qui permet à leurs auteurs, si les choses tournent mal, de se plaindre de ce que leurs déclarations ont été sorties de leur contexte. Mais il y a pire, ce sont les phrases longues, articulées autour de métaphores plus ou moins bien maitrisées. Le tout nouveau premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le fils à papa Pierre-Elliott qui a occupé le même poste dans les années 70 et 80, s’est risqué en 2012 à comparer la conquête du pouvoir à la mise en place d’une ligne de chemin de fer.

Accrochez vos ceintures, c’est parti pour la citation : « J’ai compris que nous aurions à attirer des passagers, à construire le train pendant qu’il roule, sans oublier de poser les rails ». Apparemment, les électeurs ne lui ont pas tenu rigueur de cette métaphore ferroviaire pour le moins alambiquée, mais qui reste compréhensible. Ce qui n’est pas le cas de celle de Nicolas Sarkozy à Limoges la semaine dernière, à laquelle personne, pas même son auteur, ne semble avoir rien compris. Voici donc la substantifique moelle de la « pensée » sarkozienne dans le texte : « je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière, mais ce n’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur ». Fermez le ban. Ah ! C’est certain qu’il ne s’agit pas d’un extrait de La princesse de Clèves dont l’ancien président voulait interdire la lecture aux futurs postiers.

Il faut dire que l’actuel président de « Les Républicains » (excusez le barbarisme) s’est fait une spécialité de dire ce qu’il pense, y compris quand il ne pense rien. Tant qu’il se tient aux gags et aux vannes que lui concoctent ses auteurs, ses discours, tout en ressemblant furieusement à un stand-up, conservent un semblant de cohésion. Dès qu’il se lance dans l’improvisation, le naturel et l’inculture reprennent le dessus. Le langage est certes fleuri, mais la profusion des variétés ne garantit pas l’élégance du bouquet. Allons bon ! Voilà que cette manie de la métaphore est contagieuse. La prochaine fois, j’espère qu’il nous apportera des bonbons, parce que ses fleurs m’ont l’air bien défraichies.

Commentaires  

#1 Isabelle 27-10-2015 00:14
Oh, comme j'ai ri!
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