Fraternisation encore

Une fois n’est pas coutume, mais deux fois ce n’est pas une habitude, après mon hommage à Madame Merkel, j’aimerais aujourd’hui donner un coup de chapeau à un ancien homme politique qui se reconnaissait dans la tradition sociale de la démocratie chrétienne, en l’occurrence à M. Jean-Louis Borloo.

Il a quitté la scène du pouvoir en 2014, démissionnant de son mandat de député, à la suite de son combat contre une grave maladie dont il est sorti gagnant. Après avoir été maire de Valenciennes pendant 13 ans, député sous diverses étiquettes, mais toujours dans le même courant de droite modérée, centriste, libérale, puis plusieurs fois ministre sous le gouvernement Chirac ou Sarkozy, il avait devant lui encore un bel avenir politique, mais de son propre aveu l’approche de la mort lui a fait regarder le monde autrement et il a donc décidé de mettre son énergie retrouvée dans un projet altruiste : en 10 ans, électrifier 80 % du continent africain. L’idée de ce projet ambitieux, qui s’ajoute aux autres actions déjà menées par des O.N.G., est cohérente avec le personnage qui a organisé le Grenelle de l’environnement et qui s’est toujours engagé dans la lutte contre le dérèglement climatique, tout en autorisant l’extraction du gaz de schiste !

Elle n’est pas que généreuse, elle est aussi très pragmatique : l’emploi de demain est lié à la croissance africaine. L’Afrique connaît un choc démographique qui souffre d’une croissance mal distribuée causant une migration importante qui le deviendra de plus en plus si ce continent n’est pas aidé dans son développement.

Soutenu par le gouvernement Hollande, qui a mis des bureaux à sa disposition et le soutien du réseau diplomatique français dans tous les pays africains concernés, il crée « la fondation Borloo pour l’énergie en Afrique ».

Depuis, ambassadeur infatigable, avocat redoutable, il a parcouru 440 000 km, convaincu 41 chefs d’états africains sur 54 de participer à son projet, obtenu le soutien financier des grands groupes comme EDF, Orange, Bolloré, Bouygues, Véolia… Le financement n’est pas son souci premier, il suffit de 5 milliards par an donnés par tous les pays développés pour rendre viable l’opération.

La finalité du  projet c’est la création d’une agence de l’énergie gérée par les Africains, pour les Africains, la fondation n’est qu’un facilitateur, elle disparaîtra quand les pays africains passeront à la réalisation, ouvrant un marché de 2 milliards d’habitants !

L’électricité c’est la vie, c’est l’eau, la santé, l’éducation, la croissance. Il y aura encore beaucoup d’obstacles à franchir, à commencer par les pratiques locales, un formidable documentaire de France 2 montrant comment un chef de village avait détourné les branchements de l’électricité fournie par les panneaux solaires (mis en place par « électriciens sans frontières »), à son profit pour sa télévision, et faisant payer le chargement de téléphone portable, au départ gratuit pour tous,  est éclairant !

Mais on n’a rien sans peine, je reprends une citation de V. Hugo  faite par Jean-Louis Borloo : « quand une idée est juste elle finit toujours par s’imposer » et merci à lui de mettre un peu d’âme dans cet avenir si déprimant.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 27-09-2015 10:11
C'est vrai que Borloo est assez inattaquable sur ce coup-là et il parait sincère dans son engagement. Si ses idées étaient généreuses, on pourrait lui reprocher ses anciennes fréquentations et ses choix en faveur de la droite et d'un centre ultra modéré. C'est peut-être en train de changer puisqu'on apprend qu'il conseille Alexis Tsipras en matière de développement économique et valorisation du patrimoine grec!
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