De cape et d’épée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 septembre 2015 10:18
- Écrit par Claude Séné
La veine littéraire semblant plaire au lectorat, je vous entraine aujourd’hui dans le domaine du roman historique. En effet, François Pérol, actuel président du groupe Banque populaire Caisses d’épargne, qui vient d’être relaxé de prise illégale d’intérêts, est homonyme d’un personnage du Bossu de Paul Féval, Monsieur de Peyrolles. Rappelons brièvement l’intrigue : Monsieur de Gonzague a assassiné son cousin, le Duc de Nevers, pour s’emparer de ses biens et de sa fortune. Il charge Monsieur de Peyrolles et ses spadassins de trouver et enlever Aurore, la fille cachée du Duc. C’est sans compter sur Lagardère qui se fait passer pour un bossu afin d’approcher Gonzague pour finalement le tuer en combat singulier grâce à la fameuse botte de Nevers.
Dans le roman, Peyrolles est l’âme damnée de Gonzague, son exécuteur des basses œuvres, celui qui se charge des infamies dans lesquelles son maitre ne veut pas se compromettre. Que reprochait la justice à François Pérol ? Une confusion des genres. L’ancien conseiller économique de Nicolas Sarkozy, devenu secrétaire général adjoint de l’Élysée après un passage à la banque Rothschild (tiens, comme Macron) était à l’époque chargé de régler l’épineux dossier de la fusion de la Banque Populaire et de la Caisse d’épargne. Il en deviendra le président sur proposition de son mentor, qui prétendra avoir obtenu l’avis favorable d’un comité avant même qu’il se réunisse.
Bien que le parquet ait fait appel de cette décision, le tribunal considère donc que les faits ne sont pas suffisamment établis, ce qui ne signifie pas qu’il n’existe aucune suspicion de connivence entre le monde de la finance et celui de la politique. Je dirais même que l’histoire a tendance à se répéter avec la désignation du futur gouverneur de la Banque de France. Là aussi, le pouvoir a son candidat, François Villeroy de Galhau, qui ne déparerait pas dans un roman de Paul Féval, proposé par le président Hollande en personne, mais contesté par de nombreux économistes, au motif qu’il vient du domaine de la banque privée en tant qu’ancien directeur général de BNP Paribas.
La porosité entre le monde des affaires et la politique, pour n’être pas nouvelle, n’en demeure pas moins préoccupante pour l’impartialité de l’état. On cherche en vain dans le personnel politique celui ou celle qui pourrait incarner le chevalier blanc, le Lagardère qui viendrait à nous, sans peur et sans reproche (ah zut ! c’est Bayard, ça).
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