La quadrature du cercle
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 30 juillet 2024 11:17
- Écrit par Claude Séné
« À Brégançon, Emmanuel Macron planche sur la nomination du futur Premier ministre ». Après avoir décrété unilatéralement une trêve politique pendant toute la durée des Jeux olympiques, le président de la République serait attelé à la mission impossible de faire passer sa défaite pour un tremplin. Il appelle de ses vœux, pieux, en l’occurrence, à la constitution d’un nouveau bloc central qui irait de la droite traditionnelle au centre gauche, et plus si affinités. Sans le dire explicitement, il renonce par avance à décrocher les socialistes en tant que parti de la coalition du nouveau Front populaire, qui a réussi son pari de proposer une candidate au poste de Premier ministre.
Le titre ci-dessus, s’il est fondé, illustre bien la nature des réflexions du chef de l’état. Prétextant la tripartition résultant des législatives, il s’arroge le droit de désigner qui bon lui semble à la tête du gouvernement. Il semble prêt à choisir une personnalité issue de la droite, comme auparavant il l’a fait pour Édouard Philippe, à l’époque inconnu du grand public. Il table sur une neutralité bienveillante du Rassemblement national qui détient le pouvoir de voter une motion de censure, mais qui reste flou à dessein sur ses intentions. Des noms circulent déjà, comme celui de Xavier Bertrand ou Gérard Larcher, mais leur nomination me paraît peu probable. Je miserais plutôt sur un nouveau venu que sur un cheval de retour, susceptible de faire de l’ombre au Président. Il pourrait avantageusement venir de la « société civile », être une femme, de préférence, pour simuler une parité de façade, peut-être une grande fonctionnaire, comme Élisabeth Borne ou Jean Castex. En somme, le portrait-robot de Lucie Castets, proposée par la gauche, à un détail près, cette dernière a des convictions, qu’elle n’entend pas mettre sous le boisseau.
Et c’est bien ce qui va rendre difficile, sinon impossible, de dénicher la perle rare, parée de toutes les qualités, sous condition d’une soumission et une fidélité sans faille au Président, qui resterait ainsi le seul véritable décisionnaire de l’exécutif. La ligne politique, quant à elle, est déjà définie. La dérive droitière ne fera que s’accentuer pour répondre à une supposée demande des Français pour plus de sécurité en maîtrisant mieux l’immigration. Le discours est surtout emprunté au bréviaire du Rassemblement national, et il a déjà été récupéré par l’aile ultradroitière des Républicains d’Éric Ciotti passé avec armes et bagages chez Jordan Bardella, sans grand résultat. Le président chercherait donc une personne, sans trop de charisme, dans les rangs d’une formation ultraminoritaire, rebaptisée droite républicaine et en voie de disparition, pour boucler son 2e quinquennat en formant un gouvernement fantoche qui imposerait le point de vue d’Emmanuel Macron à coups de 49,3. Bon courage !