Homophonie et homophobie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 29 juillet 2024 10:49
- Écrit par Claude Séné
Comme une grande partie des Français, j’ai passé la soirée de vendredi dernier devant la retransmission de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, alors que j’ai complètement zappé leur équivalent quand elles se sont déroulées à l’étranger. Un peu de chauvinisme franchouillard sans doute, mais que j’assume comme dirait l’autre, et il faut reconnaître que cela valait le coup, tant les concepteurs du spectacle ont fait preuve d’inventivité, d’audace et de créativité, malgré des conditions météorologiques dantesques. J’y reviens aujourd’hui pour souligner un point bien franco-français sous la forme d’une polémique particulièrement vaine sur le caractère, parait-il, « woke » du déroulement de ce qui se voulait surtout festif.
C’est la conférence des évêques de France qui a ouvert le bal en s’indignant d’un des tableaux illustrant la cérémonie. Que la Seine serve de scène à ciel ouvert pour faire le décor des illustrations imaginées par l’armada des concepteurs du show, passe encore. Mais que l’on utilise le symbole de la Cène, le dernier repas de Jésus Christ avec ses apôtres avant la crucifixion, en remplaçant les personnages bibliques par des drag queens reprenant les codes queers, c’en était trop. Je vous avoue que cette représentation ne m’a pas choqué, tant nous sommes désormais accoutumés à voir dans le paysage audiovisuel des manifestations de cet ordre, avec la gay pride ou la course dite de la drag race. Jusqu’à une fête de village dénommée des fiertés paysannes, précédée d’un drapeau arc-en-ciel pour lever un doute éventuel sur la nature de leur engagement. Il parait que les autres cultes ont soutenu les évêques, en y voyant une forme de blasphème, qui n’est pourtant plus un délit en France.
Parmi les contempteurs de cet aspect du spectacle, on retrouve sans surprise l’extrême droite avec notamment Marion Maréchal, Philippe de Villiers ou Michel Onfray, dont les critiques seraient presque des preuves de qualité pour les créateurs du spectacle. Les choix subjectifs dans les tableaux présentés peuvent être discutables et discutés individuellement, mais la réussite provient précisément de la variété des points de vue, et de la diversité des esthétiques représentant bien la « french touch », l’esprit français, qui ne se limite pas au béret basque et à la baguette de pain auxquels les animateurs de talk-show américain nous réduisent souvent. Chacun aura pu trouver son bonheur dans les différents styles musicaux depuis les musiques urbaines représentées par Aya Nakamura, qui a su faire swinguer la musique de la garde républicaine, jusqu’à l’hymne à l’amour repris par Céline Dion, en passant par Lady Gaga ou Juliette Armanet. À part quelques ronchons comme les Anglais qui ont cherché la petite bête, la communauté internationale a apprécié l’éclectisme de la soirée, constatant que la France avait mis la barre très haut pour les Américains de Los Angeles qui devront relever le défi dans 4 ans.