Affaires courantes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 juillet 2024 10:48
- Écrit par Claude Séné
Comme on le sait, le président de la République a fini par accepter la démission du Premier ministre et son gouvernement, tout en les maintenant à leur poste pour une durée indéterminée, afin de gérer les « affaires courantes ». Et parmi celles-ci figure évidemment en bonne place l’organisation et le bon déroulement des Jeux olympiques, qui, loin d’être une affaire courante, est supposé mobiliser l’essentiel des efforts, notamment en matière de maintien de l’ordre. Mais ce qui est malheureusement le quotidien d’une grande partie des forces de police, c’est la lutte contre les trafics en tout genre, et les conflits de territoire qui en résultent.
Il semble bien que l’incendie qui a touché un immeuble à Nice dans le quartier sensible des Moulins, occasionnant sept morts et trois blessés, ait été d’origine criminelle et lié à un règlement de compte entre trafiquants de stupéfiants. L’enquête devra confirmer cette hypothèse, mais pour les habitants du quartier, c’est la colère qui domine. Ils demandent justice et le retour au calme auquel ils estiment avoir droit. Le maire de Nice s’est déplacé sur les lieux ainsi que le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, ce qui est la moindre des choses, mais en réalité, ce sont eux qui devraient se trouver au banc des accusés ainsi que leurs prédécesseurs. Christian Estrosi dresse un tableau volontariste de son action et celle de l’état, mettant en exergue sa bonne intelligence avec le préfet. Il n’y a pourtant pas de quoi se vanter. Il reconnait lui-même que les points de deal démantelés sont aussitôt reconstitués. Les nombreuses caméras de surveillance n’empêchent rien. Si les incendiaires sont retrouvés grâce à elles, d’autres voyous attirés par l’argent facile prendront leur place.
Pour commencer à démanteler un trafic aussi implanté et alimentant une telle économie parallèle, il faut dépasser le cadre de l’action locale et s’attaquer aux mafias organisées en les frappant au portefeuille. Pour des raisons électoralistes, Christian Estrosi et Éric Ciotti se disputant le leadership de la droite dans la région, le maire de Nice déplace le problème sur le terrain de l’immigration en faisant semblant de croire qu’il suffirait de durcir les règles pour tarir la source des trafics. Pour le reste, il déroule un discours bien rodé mettant en valeur les sommes dépensées en faveur des « quartiers », sa compassion pour les familles endeuillées, de belles paroles qui ne suffisent plus aux habitants, promettant une justice qui ne dépend pas de lui, perpétuant une vieille tradition de clientélisme remontant aux années de la famille Médecin. Au bout du bout, le père Noël, dont la hotte est vide, promet « une grande déclaration » à l’assemblée de la Métropole qui devrait le réélire triomphalement à sa tête. Affaires courantes.