Politique fiction
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 25 juin 2024 09:45
- Écrit par Claude Séné
Le premier tour des élections législatives anticipées n’est pas encore passé que des scénarii probables commencent à circuler et que de grandes tendances se font jour, qui seront infirmées ou confirmées par les votes réels dans les urnes. Le président Macron, qui est à l’origine de ce branle-bas de combat, ne cesse d’intervenir dans la campagne après avoir répété à qui voulait l’entendre que les Français voteront selon leur conscience pour « clarifier » les positions, malgré tous les conseils, y compris ceux de ses proches, de se taire. Les équilibres entre les blocs en présence devraient entériner le rapport de forces constaté aux Européennes.
Si cette dynamique était globalement confirmée, le parti présidentiel ne rassemblerait plus que le socle de son électorat autour de 20 % des suffrages. C’est probablement ce qui pousse Emmanuel Macron à jouer son va-tout, quitte, perdu pour perdu, à énoncer de gros mensonges. C’est ainsi qu’il a menacé les Français de provoquer une guerre civile s’ils ne votaient pas selon ses vœux, rien de moins. On n’en attendait pas mieux de quelqu’un qui a expliqué en privé avoir pris son pied grâce à la dissolution, en jetant une grenade dégoupillée dans les jambes de ses adversaires, pour le plaisir de les voir paniquer. Un espoir apparemment déçu, car il n’avait pas imaginé que le peuple de gauche, devant la menace du Rassemblement national, serait capable de s’unir au moins pour cette échéance électorale dans un réflexe salvateur. C’est donc le macronisme qui pourrait quasiment disparaitre prématurément grâce aux erreurs du président. Reste la question d’une éventuelle majorité absolue et l’incertitude si aucun parti ne peut en disposer.
Si le RN est majoritaire, le président nommera probablement Jordan Bardella Premier ministre avec toutes les conséquences néfastes qu’il vient de détailler. Mais si cette majorité n’est que relative, le RN a d’ores et déjà annoncé qu’il passerait son tour. Le clan présidentiel qui commence à se fissurer pourrait recommencer son numéro d’équilibriste en gouvernant à coups de 49,3 ou d’ordonnances présidentielles avec encore moins de marges de manœuvre. Il se mettrait à la merci de motions de censure provoquant la chute du gouvernement sans recours possible à la dissolution pendant un an. Quant au Nouveau Front populaire, à moins d’une percée inespérée de dernière minute, il ne devrait pas pouvoir briguer la formation d’un gouvernement majoritaire et n’aurait aucun intérêt à accepter d’encaisser les mécontentements dus à une politique d’austérité. La question de la candidature au poste de Premier ministre perdrait ainsi tout intérêt. À moins que le président, qui n’en est plus à une bêtise près, ne décide unilatéralement de nommer Jean-Luc Mélenchon, dans le seul but d’embarrasser les partis formant la coalition de gauche. Gageons qu’il reste quand même assez de bon sens au patron de la France insoumise pour décliner l’invitation, et l’on sait bien qu’il faut être deux pour danser le tango.
Commentaires