Connaissiez-vous Robert Fico ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 16 mai 2024 10:57
- Écrit par Claude Séné
Je dois reconnaître honnêtement que le nom du Premier ministre slovaque, qui a pourtant dirigé son pays à 3 reprises, m’était largement étranger, avant qu’il soit la cible d’un attentat de la part d’un homme apparemment isolé, ancien responsable de sécurité, mettant sa vie en danger. Il faut dire que la Slovaquie, qui est membre à part entière de l’Union européenne et de l’OTAN, ne fait pas partie des pays les plus influents de notre espace politique et elle est surtout connue pour sa proximité avec Wladimir Poutine, tout comme la Hongrie de Viktor Orban. Robert Fico est un ancien communiste, qui n’a pas hésité à s’allier à l’extrême droite pour arriver au pouvoir.
Il a également été soupçonné de liens avec la mafia italienne, et ses positions dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine ont été fluctuantes. Tantôt, il reconnaissait l’agression russe en « violation du droit international », tantôt il en rejetait la faute sur « les fascistes ukrainiens » sous l’influence des États-Unis. Il s’était déclaré en faveur d’une solution négociée entre les deux états pour rétablir la paix, sans cacher ses sympathies pour le chef du Kremlin, qu’il se refuserait à arrêter en application du mandat d’arrêt international qui le vise, s’il se rendait en Slovaquie. Bref, un personnage contrasté, qui a même représenté son pays entre 1994 et 2000 auprès de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. On comprend surtout qu’il s’agit d’un dirigeant populiste prêt à tous les compromis, voire les compromissions, pour accéder au pouvoir, et tenter de s’y maintenir. Il va sans dire que sous son régime, les migrants ne sont pas les bienvenus, et qu’il refuse de favoriser l’existence d’une communauté musulmane dans le pays.
Ce n’est évidemment pas une raison pour ne pas condamner fermement un attentat inexcusable, même si c’est l’œuvre d’un opposant isolé comme cela semble probable, bien que certains soutiens du Premier ministre aient immédiatement accusé l’opposition d’avoir fomenté un complot, sous l’influence des ONG, noyautées depuis l’étranger et les idées pernicieuses d’une presse à la solde de l’occident. On dirait du Poutine dans le texte, et ce n’est peut-être pas une simple coïncidence. Les chefs d’État, à commencer par Emmanuel Macron, ont naturellement réagi en condamnant immédiatement l’attentat, ne serait-ce que par une forme de corporatisme contre des méthodes aussi violentes, dont on espère qu’elles ne pourraient pas se produire chez nous. Il existe des moyens plus civilisés de faire connaître son point de vue, mais je doute que ce malheureux épisode ait une quelconque influence positive sur le scrutin du 9 juin, où la participation annoncée risque de se situer à nouveau en dessous de 50 %.