Kamikazes à temps partiel
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 24 août 2015 10:46
- Écrit par Claude Séné
Une effroyable tuerie a donc été évitée dans le Thalys qui relie Amsterdam à Paris, grâce au courage et au sang-froid de quelques passagers qui ont réussi à maitriser un homme lourdement armé. On pourrait imaginer que les auteurs d’attentats terroristes ont pleine conscience de leurs actes et n’envisagent pas d’autre issue que leur mort, les armes à la main, dans une sorte d’héroïsme fou similaire à celui qui poussait les pilotes japonais à précipiter leur avion bourré d’explosifs sur les bâtiments de la flotte ennemie pendant la 2e Guerre mondiale. Pourtant, le suspect arrêté à Arras semble bien déterminé à vivre et nie en bloc toutes les accusations qui pèsent sur lui.
Il a commencé par fournir une fausse identité et a prétendu avoir trouvé son armement lourd dans un parc à Bruxelles. Il dément avoir voulu commettre un attentat et affirme qu’il voulait « braquer » les passagers. Il s’est dit « étonné » qu’il y ait eu des coups de feu, dont il n’aurait pas eu conscience. Les quelques informations dont nous disposons proviennent de son avocate, qui semble, bien que commise d’office, épouser étroitement la thèse de son client, qu’elle décrit comme un SDF paumé, extrêmement maigre et peu instruit. Les enquêteurs ne croient pas à la défense de ce Marocain de 25 ans, connu pour son islamisme intégriste et soupçonné de s’être rendu en Syrie récemment. Au contraire, ses allées et venues pourraient indiquer une préparation de l’attentat, dont il espérait peut-être sortir indemne. Il ne portait pas la barbe avec laquelle il était jusqu’ici photographié, ce qui est étonnant par rapport à ses engagements religieux.
Ces dénégations m’ont rappelé celles d’un autre auteur d’attentat évité de justesse en France en juin dernier, quand un pompier avait réussi à maitriser le terroriste présumé avant qu’il ne réussisse à faire sauter toute une usine de l’Isère. Là aussi, l’auteur avait tenté de minimiser son acte en prétendant avoir décapité son patron par vengeance personnelle et en niant avoir transmis des clichés de son geste barbare à un correspondant en Syrie.
Tout se passe comme si ces terroristes d’un nouveau genre, que l’on appelle parfois des loups solitaires, commettaient les attentats dans un état second, peut-être sous l’emprise de psychotropes, comme autrefois les célèbres haschischins et que l’instinct de conservation reprenait le dessus s’ils n’étaient pas abattus comme Mohammed Mérah, Abédy Coulibaly ou les frères Kouachi. Cela n’enlève rien à leur dangerosité.