Tours de cochon
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 14 août 2015 10:24
- Écrit par Claude Séné
Mon premier, c’est celui que les gros industriels de la filière porcine ont joué aux éleveurs en refusant d’appliquer l’accord trouvé entre les différents protagonistes pour fixer le prix payé au producteur à 1,40 euro le kilo. En s’abstenant de participer au marché au cadran de Plérin, la Cooperl et le groupe Bigard-Socopa, qui pèsent à eux deux 30 % du marché, bloquent le système et mettent à mal le compromis laborieusement élaboré pour essayer de sauver les exploitations en pratiquant un prix à peu près rémunérateur.
Devant cette situation, les éleveurs semblent tenir le gouvernement pour responsable, alors que les industriels invoquent le marché et la concurrence étrangère. Si la seule alternative est le gigantisme des installations, la « solution » risque d’être pire que le problème. Mon second, c’est le tour de passe-passe du maire de Chalon-sur-Saône, qui a décidé de supprimer à la rentrée le menu servi aux enfants qui ne mangent pas de porc, au nom de la laïcité, qui n’avait pourtant rien demandé. Apparemment, le maire est plus soucieux de sa conception très personnelle de la laïcité que de la démocratie, puisqu’il a annoncé sa décision avant même de consulter son conseil municipal. Peu lui chaut puisqu’il a reçu le seul soutien qui vaille, celui de Nicolas Sarkozy, qui concocte dans son arrière-cuisine des recettes à sa sauce pour doubler le Front national par sa droite, un comble. Lequel FN, par la bouche de Florian Philippot, prend ses distances avec cette position, tout en stigmatisant évidemment le supposé communautarisme à l’origine, selon lui, de cette situation.
Le parti de la droite traditionnelle, anciennement UMP, ne se contente pas de confisquer le terme de républicain. Le voici qui s’adjuge à présent le monopole de la laïcité, dont les valeurs sont pourtant aux antipodes des siennes, après avoir clamé haut et fort que la France restait la fille ainée de l’église et s’être acoquiné avec les intégristes catholiques. Le maire de Chalon s’est réjoui de la décision du tribunal administratif de Dijon, qui n’a pas validé le recours en référé déposé contre sa décision par une association musulmane, du fait du caractère non urgent de la requête, mais a rappelé que la commune se devait d’offrir des conditions d’accueil satisfaisantes à tous les enfants qui voulaient manger à la cantine. Puisse le tribunal s’en souvenir quand il devra statuer sur le fond et cochon qui s’en dédit !