La fin des haricots
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 8 juillet 2023 10:50
- Écrit par Claude Séné
Je viens à peine d’apprendre son existence que je me vois dans l’obligation de réclamer urgemment son interdiction : le sac de haricots, ou « bean bag » en version originale d’Amérique d’où il nous vient et où il serait d’un usage courant. C’est un projectile qui fait partie de l’arsenal des forces de l’ordre, sous forme d’un sachet de coton contenant du plomb, du sable ou des billes d’acier, tiré avec un fusil ou un lance-grenade. Il est supposé être moins dangereux que les armes à feu classiques, et il fait donc partie des moyens de force dits « intermédiaires ».
Cependant, l’usage de ce type d’arme est, à l’évidence, un risque majeur pour l’intégrité physique des personnes qui en seraient victimes. La preuve par l’absurde en est apportée par l’état de coma dans lequel se trouve plongé un jeune homme en Meurthe-et-Moselle, à la suite d’un tir reçu à la tempe par la vitre baissée de son véhicule. Selon toute vraisemblance, le tir viendrait d’un policier du Raid, présent sur les lieux pour contribuer au maintien de l’ordre après les manifestations consécutives à la mort de Nahel à Nanterre. Ce nouvel « incident », après le décès d’un livreur à Marseille, doit nous alerter sur les risques inhérents à la doctrine de maintien de l’ordre dans notre pays. Elle repose en grande partie sur un malentendu. Les marchands d’armes, à commencer par la marque Taser qui commercialise un modèle de pistolet à impulsion électrique, ont réussi à accréditer l’idée qu’il serait moins dangereux d’avoir recours à des armes n’ayant pas pour but principal de tuer. Or, on sait, et on vérifie tous les jours que, mal utilisées, ces armes sont extrêmement dangereuses. Leur banalisation fait oublier que leur usage devrait être réservé au strict nécessaire, afin d’éviter des dommages physiques et corporels encore plus graves.
La France ne détient d’ailleurs pas le monopole des violences d’origine policière. Amnesty International a publié un rapport cette année, montrant une augmentation de l’usage de ces nouvelles armes sur 5 ans dans 30 pays. Selon cette organisation, les projectiles utilisant la force cinétique se sont généralisés dans les opérations de maintien de l’ordre. Tout en étant de « létalité réduite » par comparaison avec les armes à feu classiques, elles provoquent régulièrement des blessures graves, des mutilations, voire des décès dans certains cas. La solution ? Ce serait, selon Amnesty, de limiter la fabrication massive et la vente de ces armes, soi-disant moins dangereuses, et d’en affecter strictement l’usage à des cas de force majeure. Il serait aussi utile de réserver les interventions des brigades spécialisées, les BRI, les Bac, le Raid ou le GIGN, aux seuls cas où leur technicité est requise, et non au « simple » maintien de l’ordre, où leur présence ne fait souvent que jeter de l’huile sur le feu.