Dénégation ou déni ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 22 juin 2023 10:57
- Écrit par Claude Séné
Le gouvernement a donc commencé à mettre ses menaces à exécution en approuvant le décret présenté par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui vise à dissoudre le mouvement dit « les soulèvements de la terre » un collectif d’écologie politique et contestataire né de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qui s’est illustré notamment dans la manifestation de Sainte-Soline contre le projet de mégabassines. C’est Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, qui a été chargé de la tâche délicate d’exposer les raisons de cette dissolution demandée, et qui a paru bien embarrassé pour justifier la position de l’exécutif.
Il s’est livré à un exercice consistant à nier l’existence même de la réalité, sous la forme d’un déni ou d’une dénégation, deux notions utilisées en psychanalyse, présentant des nuances, mais ayant en commun de décrire par la négative une réalité que l’on ne veut pas reconnaitre. Le porte-parole affirme donc que « ce ne sont pas les idées qui sont sanctionnées », et que « ce n’est pas la liberté d’expression ni la liberté de manifestation qui est en question ». Il faut, bien entendu, comprendre exactement l’inverse. Quant à savoir ce qui est permis et ce qui est interdit, il suffit de lui faire confiance. Dans tous les cas, si l’on en croit, « le recours à la violence n’est jamais légitime ». Voilà pourtant qui ferait un excellent sujet de dissertation pour une épreuve de philosophie au baccalauréat. Pour commencer, ce gouvernement n’a pas toujours dit cela. Il me semble que la doctrine officielle autorise une forme de violence quand elle est exercée par les forces dites de l’ordre. Mais au-delà de ce que le pouvoir utilise pour maintenir un ordre social et que l’on désigne habituellement par la formule de violence légitime, il faut considérer ce qui relève de la désobéissance civique.
Et nous sommes précisément au cœur du projet défendu par le collectif, qui distingue ce qui est légal et ce qui est légitime. Chacun pourra juger du bien-fondé de certaines actions, et les méthodes utilisées, mais il parait vain de croire que l’on peut dissoudre les idées. Les méfaits du réchauffement climatique que l’on peut observer en ce moment sous forme d’aléas météorologiques importants sont devenus une évidence pour tout le monde. Le simple bon sens commande de réagir immédiatement, car nous n’avons que trop tardé déjà, et que ce même gouvernement qui s’attaque à ceux qu’il désigne improprement comme des « éco terroristes », lui qui a été condamné pour inaction climatique, ne connait que la répression. Le ministre peut bien prononcer la dissolution de ce collectif, ses membres continueront à protester et à revendiquer. Il n’y a pas de chef à clouer au pilori, pas de structure à démanteler. Il est né d’un appel signé par des chercheurs, des écrivains et quelques politiques comme José Bové, figure historique du Larzac. Il survivra probablement à ce gouvernement en sursis.