Mort du « Cavaliere »

C’est sous ce surnom plutôt flatteur que Silvio Berlusconi était connu en Italie. Il aura dirigé son pays à trois reprises en occupant le poste de président du Conseil des ministres pendant 9 années en cumulé, et participé à plusieurs coalitions de gouvernement, représentant la droite libérale en s’alliant facilement à l’extrême droite, dont l’actuelle présidente du Conseil, Georgia Meloni, est la cheffe de file. En France, il est surtout connu pour son rôle dans l’introduction de la télévision commerciale dans notre pays avec la 5e chaîne en 1986, et par sa réputation sulfureuse non usurpée vis-à-vis des femmes, qu’il préfère jolies et très jeunes, voire mineures.

Contrairement à une certaine tradition, sa mort n’a pas éteint les controverses de ce côté-ci des Alpes, où rarement on aura été aussi critique envers un dirigeant, sans attendre un certain délai après son décès. Plus que son parcours politique à la tête de son parti Forza Italia (allez l’Italie), c’est sa vie privée qui aura alimenté le scandale autour de cette personnalité plus que discutable. Finalement, Silvio Berlusconi, tout comme Al Capone, ne sera pourtant condamné qu’une seule fois, et pour fraude fiscale. En effet, sur une vingtaine de plaintes ayant entraîné des poursuites judiciaires, la plupart pour des soupçons de corruption ou de financement illégal de parti politique, il a toujours été soit acquitté, soit relaxé, ou a bénéficié de non-lieux ou d’amnistie, en utilisant tous les recours existants. Une seule plainte, concernant la société Médiaset et sa caisse noire, fera tomber Berlusconi et aboutira à sa condamnation définitive. Il sera toutefois « réhabilité » et retrouvera son éligibilité en 2018, alors qu’il a effectué sa « peine » très aménagée de travaux d’intérêt général. On comprend mieux pourquoi son 2e surnom est de le qualifier d’immortel.

Ce qui a choqué l’Italie, c’est plutôt son rapport aux femmes. Il est célèbre dans le monde entier pour les fêtes qu’il a pu donner, et qu’il appelait des soirées « bunga bunga » où il faisait venir des prostituées par cars entiers, pour distraire ses invités. Lui-même aurait été adepte de ces relations extra-conjugales y compris avec des mineures. Il sera condamné en première instance en 2013 et acquitté en appel en 2015 pour incitation à la prostitution de mineure. Il est aussi à l’origine de ce que l’on appelle en Italie les « velines », ces jeunes filles décoratives et court vêtues dans les émissions de divertissement de sa chaîne de télévision. Il semble que si cela choque en France qu’un tel traitement des femmes existe, il n’en va pas de même en Italie. Il n’y a pas là-bas d’équivalent de Sibeth N’Diaye, pour annoncer : « le keum est dead », comme elle l’avait fait pour Simone Veil. Au contraire, l’Italie a décrété une journée de deuil national mercredi et organisera des funérailles nationales à Milan.