Bienvenue aux influençables anonymes !

On entend parler très souvent des porte-drapeau d’un nouveau métier visiblement très lucratif et qui ne demande aucune compétence particulière, je veux faire allusion à ceux que l’on appelle couramment les influenceurs. Ce sont des personnes connues du grand public, souvent grâce à la téléréalité et surtout par leur présence sur les réseaux sociaux où ils sont « suivis » par des milliers voire des millions de personnes, qui les apprécient et sont prêtes à tout pour être un peu comme eux. Mais on ne dit rien, ou pas grand-chose, de ceux qu’il faut bien appeler les influençables, sans qui ils ne seraient rien.

Tout escroc a besoin de gogos et un certain nombre de personnes abusées par des « stars » se sont regroupées dans un collectif d’aide aux victimes d’influenceurs, AVI, pour déposer plainte contre leurs idoles comme on disait autrefois, quand on se contentait de collectionner les autographes lorsqu’on était un « fan ». Le motif retenu est celui d’escroquerie en bande organisée et vise notamment un couple qui prodigue ses « conseils » pour inciter les naïfs à investir dans des placements à risque en leur faisant miroiter des rendements mirobolants. Naturellement, les victimes crédules n’ont jamais vu la couleur de l’argent et y ont laissé tout ou partie de leurs économies. Le collectif devrait s’appeler aide aux victimes consentantes, AVC, dont le nom, plus évocateur, rendrait mieux compte de la réalité. Un abusé a témoigné ainsi sur sa démarche. Il a été mis en confiance par la certification de l’influenceur par Instagram où il compte de nombreux « followers » et sa participation à l’émission de Cyril Hanouna, qui met ainsi une nouvelle flèche empoisonnée sur un arc déjà bien rempli.

Le principe de l’influence est très simple. Il s’agit de jouer sur le phénomène d’identification qui fait que beaucoup de personnes envient une existence apparemment idéale incarnée par des modèles jeunes, beaux, riches et célèbres, et qu’ils s’efforcent de leur ressembler. Les influenceurs sont rémunérés par les marques pour lesquelles elles font de la promotion, mais contrairement aux idées reçues, elles sont tenues de le mentionner. C’est pourquoi la vedette de téléréalité bien connue, Nabilla, a dû s’acquitter d’une amende de 20 000 euros pour avoir vanté un site boursier sans préciser qu’elle était payée pour le faire. Elle n’a pas contesté les faits et payé cette somme importante sans sourciller. Le revenu réel des influenceurs est difficile à estimer. La plupart sont domiciliés à Dubaï, pour des raisons plus fiscales que climatiques. La frontière entre une activité certes immorale, mais légale, et une escroquerie pure et simple, est difficile à tracer. Un influenceur connu dans le milieu a été condamné à 7 ans de prison pour avoir détourné des aides publiques destinées aux entreprises victimes du Covid, en utilisant ses réseaux personnels.