Sabotage

« Acte de vandalisme visant à empêcher le fonctionnement normal d’un service, d’une entreprise, d’une machine, d’un appareil, visant à détruire un appareil ». En premier examen, l’incident qui a provoqué les perturbations du trafic SNCF au départ et en destination de la gare de l’Est à Paris répond tout à fait à la définition du dictionnaire du terme de sabotage. Il s’agit en effet d’un incendie volontaire qui a détruit une cinquantaine de circuits commandant les manœuvres d’aiguillage et véhiculant les informations nécessaires au bon fonctionnement des trains en particulier celles qui assurent une sécurité maximale.

Les conséquences sur le trafic ont été immédiates et massives, la SNCF ne pouvant pas prendre le moindre risque sur la sécurité des passagers. Le trafic ne pourra revenir à la normale que demain, au mieux. Une enquête est forcément en cours pour tenter d’identifier les auteurs de ces dégradations, mais ni la SNCF ni le gouvernement n’ont fait état de son avancement, phénomène curieux qui tranche avec les habitudes en la matière. On fait forcément une relation avec les sabotages de 2008, quand un groupe d’activistes avait été accusé sans preuve de provoquer des courts-circuits en installant des fers à béton sur des caténaires de lignes SNCF. La ministre de l’Intérieur de l’époque, Michelle Alliot-Marie, avait organisé et mis en scène l’arrestation musclée de Julien Coupat et de ses « complices » connus sous le nom de groupe de Tarnac. Elle dénonçait dans la presse une « mouvance anarcho autonome » qui projetait de déstabiliser l’état par des moyens terroristes.

Rien de tel cette fois-ci, mais des suspicions et des doutes à peine voilés sur l’identité des auteurs présumés. On insiste en haut-lieu sur la connaissance des installations permettant de faire le plus de dégâts possibles, et l’absence d’effraction sur un portillon donnant accès aux voies. Tant et si bien que le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a estimé nécessaire une mise au point pour préciser qu’il n’y avait aucun lien entre cet acte de malveillance et le mouvement social contre la réforme des retraites, et qu’un tel raccourci était malsain. Si l’on suit le vieil adage selon lequel il faudrait chercher à qui profite le crime, il est évident que les opposants au projet de réforme n’ont aucun intérêt à provoquer des situations susceptibles de retourner l’opinion, plutôt favorable, contre eux. Les manifestations se sont déroulées dans le calme, et très peu d’incidents ont eu lieu la semaine dernière. L’état, quant à lui, n’est pas toujours au-dessus de tout soupçon. 10 ans après les faits reprochés à Julien Coupat et ses amis, un tribunal a conclu à leur absence de toute culpabilité et a abandonné les charges qui pesaient contre eux. Le parquet n’a pas fait appel.