Place aux juifs… 1

Premier de la liste, Judka Herpstu dit Jean Herbert, plus connu sous le nom de Popeck.

Né en 1935 dans une famille de juifs ashkénazes de l’Est, il traverse une enfance difficile, émigré en France pendant la deuxième guerre mondiale avec son père, sa mère ayant été arrêtée et morte en déportation. Il est placé par l’OSE* en institution, en foyer puis en famille d’accueil, il doit porter l’étoile jaune…

Il apprend l’ébénisterie et s’exerce à différents petits métiers de 1956 à 1962, vendeur sur les marchés de ces fameux caleçons molletonnés dont il fera un succès dans ses sketches, manutentionnaire, gardien de nuit, il finit par s’inscrire au cours Simon, voulant commencer une carrière dramatique. On lui conseille de changer de nom il s’appellera alors Jean Herbert. On lui confie divers petits rôles de théâtre, il commence par Tchekhov… pendant les entractes, il amuse ses partenaires, il se crée alors son personnage de Popeck dont il prendra le nom de scène en 1968. Personnage qu’il rode entre autres dans les cabarets, au café d’Edgar par exemple (ou j’ai eu le plaisir de le rencontrer)

Entre-temps, on lui confie des rôles au cinéma, certains, avec de grands réalisateurs comme Truffaut, Polanski, Oury, il rencontre Louis de Funès (dans Rabbi Jacob), avec qui il restera toujours en contact.

Il devra son succès à l’humour dans ses one-man-show, on lui offre la scène de l’Olympia en 1990 et le palais des congrès en 1992 ! Il fera régulièrement de grands spectacles toujours combles, dont les titres sont à eux seuls un programme. « On n’est pas des sauvages », « même pas mort » « c’est la dernière fois », spectacle qu’il faudra prolonger jusqu’en 2019 et qui le conduira en Suisse, en Belgique et même en Israël pour la première fois de sa vie.

Il joue un personnage naïf, irascible, avec un accent yiddish, qu’il ne parle pourtant pas, mais qui fait sa caractéristique. Reconnaissable à son costume trois-pièces, chaussures blanches, il a le don de faire rire sans le vouloir, il sort des anecdotes piquantes tirées de ses expériences, ne manquant pas une occasion de mettre en lumière quelque préjugé des caractéristiques juives, leur amour de l’argent, par exemple !

Quelques extraits.

« Dieu soit loué, mais pas trop cher »

 « Ne te mêle pas des affaires de ton voisin, sauf si c’est pour faire des affaires avec lui »

 « On est toujours assis à la place qu’on mérite, le paradoxe c’est que les meilleures places ne sont pas toujours occupées par les plus méritants »

« Quand je me regarde je m’inquiète, quand je me compare je me rassure »

« Papa qui m’a donné mon intelligence ? Sûrement ta mère, car moi j’ai toujours la mienne »

Paraissant peu dans les médias, « quand un artiste ne passe pas par Paris ou à la télé on pense qu’il est mort », il est toujours présent dans le monde du spectacle, au théâtre, et prépare son prochain spectacle. Toujours en contact avec la jeune génération qu’il trouve formidable, son prochain one-man-show est le 30 septembre à Villeparisis.

 À 88 ans, il fait partie de notre patrimoine comme doyen des humoristes, puisse-t-il le rester encore longtemps, lui qui pense que l’on devient vieux à partir du moment où l’on ne comprend plus les jeunes !

L’invitée du dimanche

*OSE — Œuvre de Secours aux Enfants