La fin de l’abondance

Le président de la République a cru bon, en préambule à un conseil des ministres de rentrée, de faire part aux Français du décès d’une période d’abondance dont la plupart d’entre eux n’ont jamais vu la couleur. Un peu comme ces fameuses trente glorieuses, que j’ai traversées sans m’en rendre compte et sans en profiter pour m’enrichir outrageusement à la manière des familles monopolisant les biens matériels et accumulant des fortunes obscènes, qui d’ailleurs ne se privent pas de continuer d’amasser les richesses. Mais d’où sort-elle donc cette idée d’une abondance sinon du discours même d’Emmanuel Macron, il y a seulement deux ans ?

Rappelez-vous, le 14 septembre 2020, devant un parterre de patrons « modernes », les chouchous du président, ceux des start-ups et de la French Tech, Emmanuel Macron ironisait sur les détracteurs de la 5 G qui réclamaient alors un moratoire sur son déploiement et une réflexion sérieuse sur ce sujet, en les taxant de vouloir un retour à la lampe à huile et en les accusant de promouvoir un modèle « Amish ». On pouvait comprendre entre les lignes qu’il fallait choisir entre un passé rétrograde et un avenir radieux où le lait et le miel couleraient à profusion dans un pays d’éden régi par l’innovation technologique. Pas question à l’époque de se restreindre en rien, l’avenir et la réussite souriraient aux audacieux. Et tant pis si beaucoup restent au bord de l’autoroute, du moment que les plus forts survivent et lancent les miettes de leur festin aux victimes inévitables de la compétition.

Et voilà que désormais Mr Macron semble redécouvrir les bienfaits de la frugalité, et qu’il est prêt à l’imposer à ses sujets, du moment que les nantis peuvent continuer à cueillir les fruits de l’activité de leurs contemporains, notamment les salariés. Il faudra sans doute des sacrifices, renoncer à un mode de vie normal, où l’on peut subvenir à ses besoins vitaux, pour qu’une poignée de privilégiés continue à profiter du système voulu par le président de la République dans la continuité des inégalités sociales perpétuées quinquennat après quinquennat. Ce qu’il faut comprendre dans ce discours présidentiel, c’est que les plus pauvres continueront de l’être, et de plus en plus. Il leur sera difficile, voire impossible, de se nourrir avec des produits alimentaires qui flambent. Il leur faudra renoncer à certaines denrées, devenues littéralement hors de prix. Il sera compliqué de se chauffer et de se déplacer et beaucoup de Français devront arbitrer entre les dépenses, en commençant probablement par le nécessaire, car il est aussi difficile de se priver du superflu, qui donne un peu de sel à la vie. Quant aux plus riches, ne vous faites aucun souci pour eux tant que « leur » président s’accrochera au pouvoir.

Commentaires  

#1 jacotte86 27-08-2022 11:41
ça va durer longtemps sans que les moutons se rebellent?
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