Du sang et des larmes

Cela pourrait s’apparenter à un refus d’obstacle. Voilà plusieurs jours que le président de la République, interrompant brièvement ses vacances, pardon ses trois petites semaines de « pause estivale », s’est adressé au peuple français, donc à moi également, dans un discours à la tonalité grave, et je n’ai pas encore pris le temps de le commenter.   Ce genre de déclaration pourrait se terminer par la formule : « si vous avez compris ce que je vous ai dit, c’est que je me suis mal exprimé ». En gros, quand un homme politique vous prévient qu’il faut vous attendre au pire, c’est que la situation n’est pas des plus satisfaisantes.

À Bormes-les-Mimosas vendredi dernier, Emmanuel Macron nous a invités à faire preuve de « force d’âme » devant l’adversité et accepter de payer « le prix de la liberté ». On pense évidemment au discours de Winston Churchill le 13 mai 1940 quand il déclarait qu’il n’avait rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Churchill lui-même ne faisait d’ailleurs que reprendre une formule de Garibaldi qui offrait à ses partisans en 1849, « faim, soif, marche forcée, bataille et mort ». Tout un programme ! Naturellement, Emmanuel Macron, comme à son habitude, ne propose qu’un ersatz des déclarations belliqueuses de ses glorieux prédécesseurs. Si l’on essaie de déchiffrer le message présidentiel en lisant entre les lignes, il n’est pas question de mobilisation pour aller défendre l’Ukraine, comme en 1936 les brigades internationales allaient « mourir à Madrid ». Tout au plus faut-il s’attendre à devoir enfiler un pull supplémentaire pour compenser la baisse du chauffage dans les administrations. Rien qui puisse inquiéter François-Henri Pinault, Bernard Arnaud, Vincent Bolloré ou Martin Bouygues, et les empêcher d’emprunter leurs jets privés pour vaquer à leurs occupations lucratives.

J’ai l’air de prendre ça à la légère, mais je ne me fais aucune illusion. Si nous entrons dans une zone de turbulence du fait des dérèglements climatiques et du conflit en Ukraine, et qu’il s’ensuit une période de vaches maigres, on peut compter sur le chef de l’état pour essayer d’en tirer un avantage personnel. Sa tête d’enterrement, malgré le bronzage, envoyait les vrais messages : « je vous aurais prévenus » et « heureusement que j’étais là pour vous donner la pièce, sinon vous n’auriez rien eu à manger ». Emmanuel Macron adore prendre la posture du sauveur, du père de la nation, malgré son jeune âge, à défaut de pouvoir endosser la tenue de Superman pour sauver le monde. S’il ne peut pas revêtir le justaucorps un peu ridicule de la franchise Marvel, il lui reste l’uniforme du capitaine courageux barrant le navire au milieu des tempêtes et se faisant fort de le ramener à bon port en évitant les écueils, pour peu qu’on veuille bien lui conserver notre confiance. La ficelle, ou plutôt le bout’ », est un peu grosse.

Commentaires  

#1 jacotte86 22-08-2022 12:01
son intervention était lamentable...obligé de lire son texte pour exprimer son soutien aux corses dans la tourmente!! et le discours discours du cœur? il ne connait pas?plus ça va plus je le déteste et le méprise dire qu'il y en a pour 5 ans!
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