Le petit « beur » de service

Je veux parler de Jamel Debbouze, nouvelle génération d’humoristes, qui a un peu bousculé les codes de la profession !

Franco-marocain né à Paris en 1975, mais ayant vécu à Trappes. Son apprentissage, il l’a fait à partir de la ligue d’improvisation, il a la tchatche, ce qui le fait remarquer par Alain Degois directeur du « déclic théâtre » à Trappes. Il y rencontre Smaïn qui a déjà une petite notoriété et qui lui fait obtenir un rôle dans « les deux papas et la maman », il est remarqué par le directeur de radio nova qui l’engage pour une chronique « le cinéma de Jamel ».

Après, tout va très vite, première télévision sur Paris Première, puis cette même chronique télévisée sur Canal+ dans Nulle part ailleurs, c’est un succès phénoménal.

Il triomphe dans son premier one-man-show en 1995, il a tout juste 20 ans !

Il continue des prestations au cinéma, pour son rôle dans « Amélie Poulain » il obtient le César du meilleur acteur dans un second rôle. Il tourne avec Darmon, Depardieu, Chabat, des comédies plus ou moins réussies, sa prestation dans « Indigènes » lui vaudra le prix d’interprétation masculine révélant ses capacités d’acteur.

Il promeut le « stand-up », où le comédien, sans mise en scène et sans décor, se confronte directement au public, se lance dans un monologue tout en s’adressant aux spectateurs d’une façon informelle, racontant des histoires drôles, souvent tirées du quotidien.

Il donne leur chance aux nouveaux talents, en créant le « Jamel comedy club » en 2008, qui donne une scène aux débutants, beaucoup issus de l’immigration et venant de la banlieue, certains deviendront célèbres, comme Omar Sy, puis le « Marrakech du rire » grand festival d’humour, premier festival francophone incontournable de l’humour, véritable rampe de lancement. Une ouverture importante vers une intégration qu’il croit possible des minorités, sans communautarisme. Il ne renverra jamais l’ascenseur à Smaïn qui connaît une traversée du désert médiatique, car il lui reproche de caricaturer les rebeus de banlieue… ce qui les dessert !

Handicapé lui-même à 13 ans à la suite d’un accident, il s’engage comme porte-parole de l’Agefiph pour l’intégration des jeunes travailleurs handicapés, ouvertement à gauche, avec Bacri et Joey Starr. En 2007, il fait une campagne pour inciter les jeunes à voter.

C’est un lanceur de talent, un Monsieur Loyal de génie, un ovni plein d’énergie, dont on ne peut apprécier l’humour qu’en l’écoutant et en le voyant, ses stands-ups sont très visuels. En 2019, son spectacle « maintenant ou Jamel », retransmis sur M6, lui vaut une avalanche de critiques défavorables, traumatisé, il se met en jachère, revenant sur le devant de la scène pour les 10 ans du Marrakech du rire en 2022…

Sincère, authentique, généreux, revendiquant ses origines « je reste un pauvre à l’intérieur » il a droit à mon panthéon, car il a ouvert la porte à toute une génération d’humoristes revendiquant leurs différences jusqu’à en faire la matière de leurs propos, ouvrant un chemin vers une société multicolore, chamarrée, plurielle… à laquelle Jamel veut croire.

« Killian Mbappé, mère kabyle, père camerounais, représente la France internationale… ça veut dire quelque chose »

L’invitée du dimanche