L’état providence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 août 2022 10:39
- Écrit par Claude Séné
C’est d’abord la stupéfaction et une forme de sidération qui ont saisi en premier lieu les Corses après le passage de la tempête d’orages et de vents violents qui a traversé l’île de beauté en début de matinée, hier. Le bilan, encore provisoire, est particulièrement lourd, avec au moins cinq personnes décédées et une vingtaine de blessés. Les dégâts matériels sont également très importants, mais seront réparés et l’état de catastrophe naturelle devrait permettre une indemnisation assez rapide des victimes. Ce qui a été très vite mis en cause, c’est l’absence de prévision de cet évènement climatique. L’état de vigilance orange n’a été décrété que vers 8 h 30 par Météo France.
Certains se sont très vite indignés de ce manque de prévision, comme si l’état leur devait d’assurer la sécurité en toutes circonstances, même les plus inattendues. Cependant, en la matière, on ne peut exiger de la collectivité une obligation de résultat, mais seulement une obligation de moyens. Jusqu’à preuve du contraire, les services de prévision météorologique n’ont pas failli à leur mission et n’ont commis aucune négligence coupable dans la mise en œuvre des moyens de prévention. À supposer que la tempête ait été détectée plus tôt, il n’est d’ailleurs pas certain que le bilan aurait été moins lourd. Rappelons-nous la tempête Katrina en 2005 qui avait été annoncée et qui a néanmoins fait plus de 1800 morts au sud des États-Unis, notamment à La Nouvelle-Orléans. Cette controverse en évoque une autre, plus ancienne, qui concernait le tremblement de terre meurtrier de Lisbonne en 1755, dans lequel plus de 60 000 personnes trouvèrent la mort. Pour Voltaire, le plus grand scandale résidait dans le fait de considérer cette catastrophe comme la vengeance d’un dieu vindicatif pour les fautes commises par l’homme. Comment un dieu de bonté, qui a instauré la Providence pour veiller à la réalisation d’un Bien suprême, et qui est supposé tout puissant, peut-il tolérer la victoire d’un Mal, fût-il nécessaire ?
À quoi Jean-Jacques Rousseau opposa, dans un optimisme indéfectible, la justesse des desseins de dieu, permettant de faire naître un bien, malgré ou grâce à un mal, que l’on peut résumer dans la formule : « à quelque chose, malheur est bon ». S’il est difficile de tout prévoir, il y a un point sur lequel nous avons de grands progrès à faire, c’est dans la diffusion des informations quand elles sont connues. Dans certains pays, les populations concernées sont alertées par des messages du type SMS, une pratique très efficace pour éviter par exemple des embouteillages dans les gares ou les aéroports en cas d’annulation de trains ou d’avions. Chaque fois qu’un incident, mineur ou plus grave, se produit, le grief le plus fréquent concerne le manque d’information, qui provoque insatisfaction, ou parfois aboutit à une aggravation du problème, comme dans les « sur-accidents ».