Le tonneau des Danaïdes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 août 2022 11:18
- Écrit par Claude Séné
Pour comprendre la société d’aujourd’hui, il n’est pas inutile de faire appel à la mythologie, qui illustre, de façon imagée, des concepts tout à fait d’actualité. Il me semble que le gouvernement actuel, dans le but louable de ne pas laisser le pouvoir d’achat filer entre les doigts des Français, qui constatent tous les jours l’augmentation des prix des biens de première nécessité, et des autres denrées en général, est en train de dépenser « un pognon de dingue » un peu à tort et à travers. Une autre métaphore intéressante, après la période de sècheresse que nous traversons, c’est d’évoquer le fait d’arroser le sable.
Rappelons donc pour commencer que les 50 filles de Danaos, qui avaient tué leurs époux de crainte qu’ils ne les assassinent elles-mêmes, avaient été condamnées à remplir éternellement des jarres percées pendant leur séjour aux enfers. Un travail aussi titanesque qu’absurde. Tandis que le gouvernement essaie de compenser les pertes et les dépenses supplémentaires subies du fait de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine ou des évènements climatiques, les inégalités subsistent, ou même se creusent, et la pauvreté relative s’accroît. Chacun lorgne du côté de son voisin, qu’il pense mieux loti, et constate des effets de seuils, qui en pénalisent certains, et des effets d’aubaine, comme lorsque la France subventionne les automobilistes suisses. Pour prendre une autre image, je rappellerai cet axiome attribué à Mao Zedong : « donne un poisson à un homme, il mangera un jour ; apprends-lui à pêcher, il mangera tous les jours ». Le pouvoir actuel a bien retenu la leçon, mais il se contente de distribuer le matériel de pêche sans le mode d’emploi et la technique pour l’utiliser, arguant que quelques-uns finiront bien par trouver tout seuls le moyen de s’en servir avant d’être morts de faim.
La mythologie nous donne un autre exemple de l’absurdité de certains systèmes avec l’histoire de Sisyphe. Lui aussi avait voulu défier les dieux, comme un certain Jupiter moderne. Il croyait pouvoir berner la mort et en sortir indemne. Or, il advint que pour lui rabattre son orgueil, il fut condamné à hisser un énorme rocher en haut de la montagne, et d’être obligé de recommencer à chaque tentative quand le rocher retombait inexorablement au pied. Vous aurez compris que pour éviter de devoir fournir sans cesse des efforts vains et finalement coûteux, la seule solution c’est de permettre à chacun de vivre décemment du fruit de son travail. Et que s’il faut pour cela ponctionner une partie des énormes bénéfices engrangés par les profiteurs, ce n’en sera que mieux, en quelque sorte, joindre l’utile à l’agréable. Car l’âme humaine est ainsi faite de ne pas se satisfaire du peu qu’on lui octroie si d’autres sont trop visiblement mieux lotis. L’aspiration à l’égalité est un moteur puissant, trop souvent négligé au profit exclusif d’une liberté souvent largement illusoire.
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