C’est arrivé près de chez moi

Ce n’est pas pour me vanter, mais les incendies, ça n’arrive pas que chez les autres. C’est ainsi que mardi dernier, en rentrant chez moi, j’ai été alerté par une colonne de fumée noire cependant que des reflets rouges embrasaient le ciel dans la direction de la route qui mène à mon village. Il faut préciser que j’habite en pleine campagne, dans l’ouest de la France, une région réputée pour sa fraicheur, parfois excessive, et qui subit peu, généralement, les effets du réchauffement climatique. On est habitué à entendre parler des feux de forêt et à voir des reportages sur ces sujets, mais on ne s’attend pas à ce qu’ils surviennent près de chez soi.

Cette proximité nouvelle n’est peut-être pas étrangère aux résultats d’un sondage du Huffington Post qui fait apparaitre une inquiétude croissante des Français devant la sécheresse endémique et les vagues successives de canicule. Aucune région de France n’aura été épargnée, c’est l’ensemble des territoires qui aura été touché tour à tour. Près de 8 Français sur 10 se déclarent inquiets des conséquences de ce dérèglement climatique. Et plus inquiétant pour le gouvernement, pour l’instant peu réactif devant les catastrophes successives se produisant au moment où il espérait goûter un repos qu’il estimait bien mérité, les Français jugent qu’il n’en fait pas assez. Ils ont quelques raisons de le penser puisque l’état français a quand même été condamné pour « inaction climatique » en 2020 et 2021 après la plainte sur l’affaire du siècle. Par ailleurs, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, est d’une discrétion absolue et il ne dévoilera aucune information avant la rentrée, malgré l’urgence évidente d’agir. Il suit en cela l’exemple du président Macron, dont on cherche toujours la fibre écologique.

À force de glisser la poussière sous le tapis, d’éviter de prendre des décisions, de reporter l’action aux calendes grecques, la question du réchauffement climatique, réservée il y a peu aux experts, tels que les scientifiques du GIEC, s’est imposée dans la vie quotidienne, et les gouvernements vont bien devoir en tenir compte. On se souvient du discours de Jacques Chirac à Johannesburg en 2002 : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ce qui n’était alors qu’une image est devenu une réalité quotidienne. Nous sommes confrontés à une situation qui est la résultante des politiques passées des différents dirigeants, mais l’issue dépend encore de nous. Chaque initiative prise immédiatement peut freiner l’évolution de la catastrophe annoncée. La maire de la commune de Saint-Magne en Gironde exhorte Élisabeth Borne, qui va se rendre aujourd’hui sur le lieu des incendies, à acheter des Canadairs, ces avions de lutte contre le feu que l’on n’obtiendra que sur commande, en relançant leur chaine de production. C’est ce genre d’actes qu’attendent les Français.