Le retour du gros blond
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 août 2022 10:58
- Écrit par Claude Séné
Celui-là a généralement les deux chaussures de la même couleur, et il a pris l’habitude de mettre les pieds dans le plat et de ne suivre que sa propre intuition quand il a exercé le pouvoir pendant quatre ans. Vous l’avez reconnu, il s’agit évidemment de Donald Trump, qui revient au premier plan de l’actualité, à cause de la perquisition de son domicile à Mar-a-Lago en Floride par le FBI. Le bureau fédéral a même forcé le coffre-fort de l’ancien président, pour vérifier s’il ne s’y trouvait pas des archives que Donald Trump aurait voulu conserver à son usage personnel, au lieu de les laisser à la Maison-Blanche.
Nous ne connaissons pas encore les résultats de ces investigations, mais le camp républicain a tout fait pour dénoncer ce qu’il considère comme une persécution téléguidée par les démocrates pour sauver les meubles aux prochaines élections de mi-mandat. Donald Trump poursuit dans sa stratégie de ne pas répondre sur le fond en invoquant un complot mondial contre lui pour l’empêcher de se représenter en 2024. Il faut reconnaître que c’est assez efficace. En polarisant ainsi l’attention, il devient incontournable pour participer à la désignation du candidat dans les primaires des républicains. Plus on l’attaque, plus il peut se victimiser et accréditer l’idée de revanche après une élection qu’il prétend, contre toute évidence, lui avoir été volé. S’il réussit à polariser le débat sur sa propre personne en détournant l’attention de ses décisions, et notamment sa responsabilité dans l’attaque du Capitole, qu’il a, au minimum, laissé faire, sinon organisé, il conserve toutes ses chances. Il bénéficie en effet d’un socle électoral de convaincus, dont il dit lui-même qu’ils ne lui feraient pas défaut, même s’il tuait de sang-froid quelqu’un dans la rue devant eux.
L’enjeu de cet épisode est donc crucial. Si la justice obtient une mise en accusation de l’ancien président, dont les actes sont en cours d’examen, il risque tout simplement l’inéligibilité, temporaire ou complète, ce qui signifierait la ruine de ses projets et de ceux qui le soutiennent. Dans le cas contraire, il en sortirait renforcé et difficile à battre. Il pourrait reprendre la formule qui lui a permis de gagner en 2016, et que Jaïr Bolsonaro compte lui emprunter pour rattraper son retard vis-à-vis de Lula. Si je ne gagne pas, c’est que l’élection est truquée, et donc, je gagne quand même, parce que le peuple se soulèvera en ma faveur. Une version à peine modifiée des paris de cour de récré : pile, je gagne, et face, tu perds. On a peine à le croire, tellement c’est simpliste, mais comme aurait dit le bronzé Jean-Claude Duss, « fonce, on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher ».
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