Santé sobriété sérénité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 12 août 2022 11:11
- Écrit par Claude Séné
Ce pourrait être le nouveau mantra d’Emmanuel Macron, lui qui a prôné la sobriété énergétique, objet d’un vaste plan en préparation, au cours de son interview du Quatorze Juillet dernier. Et qui pourrait être contre, quand on constate tous les jours, et notamment en ce moment, que nous allons droit dans le mur, et qui plus est en klaxonnant ? Cette année 2022, c’est depuis le 28 juillet que nous avons épuisé l’ensemble des ressources annuelles de la planète, alors que chacun sait qu’il n’existe pas de planète de rechange. En 1971, peu avant le choc pétrolier, nous avions presque bouclé l’année et atteint le jour de Noël.
Il nous faut donc être sobres, et la première prescription est comme d’habitude individuelle. On n’ose plus recommander les douches à la place des bains, tant la pratique s’en est généralisée, mais on continue à faire croire que les humains gaspillent trop d’eau en se lavant les dents. Entendons-nous bien, ces petits gestes ne sont pas inutiles sur le plan des mentalités, mais les économies à en attendre sont très limitées en volume. Plus significatives seront les améliorations dans les processus de fabrication, de transport ou d’acheminement dans les activités industrielles et les entreprises en général. Mais ce n’est pas encore décisif. C’est bien un changement de mentalité qui sera nécessaire pour sortir d’une société de consommation, décriée depuis les années 60, mais toujours solidement installée et presque indéboulonnable. Pour cela, il est nécessaire d’emporter l’adhésion du citoyen, ce qui ne pourra se faire, à mon sens, que par l’espoir d’une société meilleure, basée sur des valeurs telles que le partage et la solidarité. La notion même de sobriété est associée, selon Pierre Rabhi, au bonheur, ou au moins au bien-être, et elle contient des connotations morales évidentes.
Ce qui m’amène à la sérénité, qui a donné son nom à une prière adoptée par les Alcooliques Anonymes, dans laquelle ils demandent à Dieu de leur accorder la grâce d’accepter les choses qui ne peuvent pas être changées, le courage de changer celles qui le peuvent et la sagesse de les distinguer les unes des autres. Cette prière a l’inconvénient de placer la décision à l’extérieur de soi-même, alors que c’est chacun qui en porte la possibilité, et collectivement la responsabilité d’améliorer les choses en prenant conscience des inégalités sociales et de la nécessité d’y remédier. Une forme de contresens illustré par la traduction, selon laquelle les choses qui « devraient » être changées sont affadies en « pourraient » être changées. Il va sans dire que ce n’est pas un énième discours ou un vague plan qui suffira à changer les mentalités, mais bien une forme de révolution, même pacifique.