Violence légitime ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 11 juillet 2022 10:50
- Écrit par Claude Séné
La formule consacrée, c’est que la police et la gendarmerie ont le monopole de la violence légitime. Ils seraient donc les seuls à être autorisés à utiliser la force en cas de besoin et pour éviter des troubles plus graves à l’ordre public. Sur le papier, tout va bien. Les fonctionnaires chargés du maintien de l’ordre sont supposés agir à bon escient, et sans jamais abuser du pouvoir qui leur est conféré. Pourtant, une enquête de l’Inspection générale de la police nationale, l’IGPN, a été ouverte à l’encontre d’un haut dirigeant de la police parisienne, proche du préfet de police Didier Lallement, dont on apprend par ailleurs qu’il envisage de quitter son poste à la fin juillet.
Une plainte a été déposée contre l’adjoint au directeur de l’ordre public et de la circulation par un cycliste pour des faits remontant à mars dernier. Les versions divergent selon les protagonistes. Le cycliste circulait sur la voie réservée aux bus et aux vélos, quand une moto sans signe distinctif s’est portée à sa hauteur et l’aurait poussé en entraînant sa chute, quand il lui aurait fait remarquer que la voie était interdite aux motos. Le motard, quant à lui, l’accuse de « non-assistance à personne en danger » et « refus d’obtempérer » dans un rapport remis à sa hiérarchie, sans plus de précision pour l’instant, et aurait déposé plainte lui aussi. L’enquête va suivre son cours et devra déterminer si le cycliste, qui a subi une interruption temporaire de travail de 10 jours, a bien été victime de « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». Comme souvent, faute de témoignages et de preuves matérielles, ce sera sans doute au bout du compte, parole contre parole, avec une différence de taille, c’est que l’un des deux est assermenté, un statut qui rend la situation totalement disproportionnée.
Il ne semble pas, par ailleurs, que le motard ait fait usage de sirène ou de gyrophare permettant de l’identifier comme policier, ou de justifier le recours nécessaire à la force, dans le cadre d’une poursuite par exemple. Sur la base des faits rapportés par l’Agence France Presse, tout indique un comportement purement arbitraire et une réaction sans commune mesure avec une critique pour non-observation du Code de la route. Si la pratique de patrouilles sur des motos banalisées devait se généraliser, elle entraînerait mécaniquement des incidents de cette nature, sans bénéfice évident pour éviter des infractions routières. On ne peut pas s’empêcher non plus de faire le rapprochement avec l’attitude du préfet de police de Paris, notamment pendant la crise des gilets jaunes, où il a plutôt donné l’impression d’être dans la toute-puissance et le mépris des manifestants, qu’il percevait sans équivoque comme des adversaires, sinon des ennemis. Son départ souvent réclamé, finalement annoncé, pourrait mettre un terme à des comportements inappropriés d’exécutants couverts par leur hiérarchie, confondant intérêt catégoriel et service de l’état.