Surenchère

Pour ceux qui en douteraient, Nicolas Sarkozy est entré en campagne électorale permanente. À peine remis de son élection moins triomphale que prévu à la présidence de l’UMP, il prépare activement le congrès qui doit lui donner la légitimité nécessaire pour changer le nom du parti, verrouiller la primaire et assoir son autorité mise à mal en interne par ses rivaux. Fidèle à son activisme, il multiplie les interventions et se lâche de plus en plus dans la critique du pouvoir actuel.

En concentrant ses attaques personnelles sur Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, il alimente l’impression de s’en prendre spécifiquement aux ministres femmes, de gauche et d’origine ethnique différente pour flatter les instincts les plus odieux de l’électorat du Front national. Et cela arrive, comme par hasard, au moment où de nouvelles rumeurs circulent sur la ministre de l’éducation, accusée stupidement de vouloir imposer la pratique de l’Islam à l’école. Dans sa frénésie de communication, Nicolas Sarkozy est tombé sur un sérieux os en se lançant dans l’exercice périlleux du « chat » en direct sur Twitter. Les Twittos n’ont pas raté l’occasion de lui balancer les vannes les plus tentantes, en le raillant sur ses maladresses littéraires (1793 de Victor Hugo au lieu de 93) ou sur les affaires judiciaires en cours.

À force d’en rajouter dans la poursuite des idées du Front national, Sarkozy a fini par embrouiller complètement la compréhension des propres adhérents de l’UMP, qui ne savent plus trop quelle est la ligne officielle de leur parti. Au point que le maire UMP d’une commune des Bouches-du-Rhône a eu l’idée lumineuse de proposer l’interdiction de la religion islamique en France et de déporter ceux qui voudraient la pratiquer vers des pays musulmans. Il suffirait selon lui d’une légère modification de la constitution pour abroger la loi de 1905 instaurant la séparation des églises et de l’état en déclarant la religion catholique comme religion officielle de l’état français. Robert Ménard doit être mortifié de ne pas l’avoir proposé le premier.

Avec ce genre d’adeptes, on ne voit pas bien la nécessité pour l’UMP de changer son nom pour « les républicains », alors qu’il lui suffirait de fusionner avec le parti des duettistes Le Pen. Ah ! Si ! Le choix du calife.