Le monde est fou
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 29 septembre 2021 10:59
- Écrit par Claude Séné
C’est ce que chantait Pauline Ester en 1990, et j’ai bien peur que cela ne se soit pas arrangé depuis. Je vous parlais ici même hier d’un jeune homme qui avait lancé un œuf en direction du président de la République, un acte incompréhensible, attribué à de possibles convictions d’extrême gauche. Immédiatement interpellé et placé en garde à vue, le suspect a fait l’objet d’un examen psychiatrique. Et tout s’explique. Ce jeune homme ne possède pas l’usage de son discernement. En d’autres termes, il serait aliéné, ou fou comme l’on disait autrefois avant l’avènement du politiquement correct.
Et en effet, il faut être quelque peu dérangé pour s’en prendre au président, qui fait tant pour l’humanité souffrante. D’ailleurs, Emmanuel Macron s’est rendu dans la foulée aux Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie pour distribuer quelques miettes du festin du quoi qu’il en coûte, désormais terminé. Dans sa hotte, outre la mise en place d’un numéro national destiné à l’écoute pour la prévention du suicide, il a annoncé la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques. C’est bien, mais quand on sait qu’il faut souvent plus d’un an pour obtenir un premier rendez-vous, cela risque d’être largement insuffisant. De même, le remboursement de séances d’aide psychologique prévu sur adressage médical est par avance handicapé par le montant insuffisant de 30 euros alloué au professionnel quand ils en demandent au moins 50. Le problème est ancien et il a tendance à s’aggraver. Le Covid et les contraintes qu’il a engendrées n’ont rien fait pour arranger les choses. Le degré d’anxiété, les troubles du sommeil, les formes dépressives et les idées de suicide qui touchent désormais 10 % des Français ont explosé ces derniers mois.
En face, les structures mises en place sont notoirement insuffisantes. Dans ce domaine comme dans d’autres, les places en accueil de jour comme en établissement sont saturées. On continue à fermer des lits tout en sachant que l’ambulatoire ne compense pas suffisamment et que de nombreuses personnes restent « dans la nature » sans que l’état s’en inquiète particulièrement hormis lorsque des malades passent à l’acte et commettent l’irréparable. Le lanceur d’œuf va faire l’objet d’une hospitalisation sous contrainte, qui lui permettra peut-être de se faire soigner, s’il est réellement victime d’une maladie mentale. Mais sans ce passage à l’acte, il est probable que son état de santé mentale serait passé plus ou moins inaperçu. Il y a beaucoup de personnes en souffrance dont l’état n’attire pas l’attention tant qu’ils sont dans un environnement favorable. Il suffit parfois d’un milieu anxiogène, comme la prison par exemple, pour révéler des pathologies jusque-là discrètes. Et le chantier est immense. Les asiles ont été fermés, du moins en principe. Il reste à bâtir une prise en charge réelle de la santé mentale.