Tout augmente !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 30 septembre 2021 10:25
- Écrit par Claude Séné
« Sauf la retraite des vieux » avait-on coutume d’ajouter dans un passé au fond pas si lointain, même si nous avons changé de siècle entre-temps. Et c’est vrai que ce temps de l’inflation galopante, accompagnée d’un développement économique que l’on a appelé après coup « les trente glorieuses » entretenait une sorte de course poursuite entre les salaires et les prix, dont les retraités étaient exclus. Tant que la croissance était au rendez-vous, le système fonctionnait tant bien que mal. L’accession à la propriété était favorisée par les dévaluations de fait qui abaissaient mécaniquement les mensualités d’emprunt en valeur relative.
Bien sûr, il y avait des gagnants, quelques-uns, et aussi beaucoup de perdants. L’ascenseur social fonctionnait encore, mais le nombre de places était très limité. La plupart des gens devaient se contenter d’emplois subalternes, mal considérés et mal payés. Mais le nombre de chômeurs déclarés était beaucoup plus faible, ne serait-ce que parce que beaucoup de femmes restaient « au foyer », comme on disait, et ne se mettaient pas sur le marché du travail. Après des études plus ou moins longues, chacun pouvait prétendre à un emploi en relation avec ses capacités, et pouvait éventuellement en changer, à condition de rester dans sa classe sociale d’origine. Cet ordre social allait voler en éclats à l’occasion du soulèvement étudiant puis populaire de mai 1968. Prenant le train en marche, les syndicats allaient obtenir une revalorisation significative du salaire minimum, le SMIG à l’époque, que le patronat allait s’employer à grignoter lentement mais sûrement au cours des décennies suivantes.
Dans l’ère moderne où nous vivons, l’inflation a eu tendance à disparaitre dans les pays industrialisés, grâce notamment à des taux de crédit très bas. Les prix augmentaient peu, et les salaires encore moins. Ce qui ne bougeait pas, c’était le faible montant des retraites d’une grande partie de la population. Mais la donne est en train de changer, avec l’explosion en cours des prix de l’énergie. Le gaz a augmenté de 57 % depuis le début de l’année et devrait prendre encore 12 % en octobre. L’électricité, quant à elle, pourrait augmenter de 10 % en février prochain, et les carburants ont rattrapé leur niveau d’avant Covid, quand les gilets jaunes ont commencé à manifester. Avant même de s’éclairer, se chauffer ou se déplacer, les Français constatent une hausse des prix d’environ 2 % sur les denrées de première nécessité. Au point que le président de la république, soucieux de sa réélection, envisage une revalorisation conséquente de la prime énergie, pour aider les électeurs à joindre les deux bouts. Et si la vraie modernité était de permettre à chacun de gagner correctement sa vie en touchant un salaire décent plutôt que d’être obligé de mendier des aides, dont beaucoup ignorent jusqu’à l’existence ?