Que d'eau !

La célèbre formule du maréchal Mac-Mahon prononcée en 1875 au moment des crues catastrophiques de la Garonne, est là pour nous rappeler que les catastrophes naturelles sont intemporelles et que l'on n'est jamais à l'abri de leur survenue. Aussi pourrait-on être tenté d'accuser le hasard et la fatalité devant les inondations spectaculaires et surtout très meurtrières qui ont touché ces jours derniers l'Allemagne et la Belgique dans des proportions jamais vues jusqu'ici. Ces débordements ont été causés à l'origine par des pluies intensives tombant sur des terrains déjà gorgés d'eau.

Soit. Ne faut-il pas y voir cependant une conséquence des activités humaines ? Probablement oui, et à plusieurs niveaux. L'urbanisation galopante est un facteur favorisant la survenue de telles inondations avec la bétonisation de surfaces agricoles. Les conséquences en sont aggravées, d'autant plus que l'on a « oublié », parfois moyennant finances, d'interdire la construction dans les zones inondables. Une remarque qui vaut aussi pour les zones littorales. Je passe également sur les aménagements des zones à risque, trop souvent négligés.

Le problème le plus important semble bien être lié au dérèglement climatique, qui est distinct du phénomène de réchauffement climatique, mais qui en partage probablement l'origine, très largement les activités humaines, quoi qu'en disent les irréductibles climato-sceptiques qui s'obstinent à nier une évidence qui s'impose de plus en plus. Les scientifiques du GIEC, qui ont été parmi les premiers à tirer la sonnette d'alarme, ont été rejoints par une très grande partie de la communauté scientifique. Ce que l'on peut observer à l'échelle mondiale, c'est une amplification dans les phénomènes naturels, et une accélération dans le temps de leur survenue.

Iil y a très peu de temps, c'était un phénomène de concentration calorique que l'on a appelé « dôme de chaleur » qui s'est installé sur des zones inhabituelles au nord des états-unis et au Canada. Des records de chaleur ont été battus en différents points de la planète. Des incendies géants ont été déclenchés spontanément, etc.

Encore une fois, on a connu par le passé des phénomènes naturels comparables, mais cela commence à faire beaucoup. D'autant plus si l'on se représente que les politiques volontaristes décidées entre autres à la COP de Paris, ont été largement revues à la baisse et que leur pente ne permet pas d'espérer un rattrapage des objectifs, dont on sait qu'ils ne pourront pas être tenus malgré le retour dans l'accord des USA, qui l'avaient quittés grâce à Donald Trump. La conséquence immédiate du réchauffement sera évidemment un changement climatique brutal dont nous commençons seulement à voir un aperçu. La phrase prononcée par Jacques Chirac en 2002 à Johannesburg : « la maison brûle » est entrain de devenir une réalité, et nous continuons à regarder ailleurs.