Marie Fortunée Capelle Lafarge

Plus communément appelée Marie Lafarge du nom de son mari.

Née en 1816, élevée au château familial de Villers-Hélon dans l’Aisne, son père meurt quand elle a 12 ans, sa mère se remarie avec le baron de Coëhorn et elle est habituée à côtoyer la noblesse alsacienne. À 18 ans, elle est adoptée par sa tante Louise Collard, épouse du baron Garat, fréquente une école réservée à la haute société, et rêve d’un amour romantique refusant plusieurs fiancés. À 23 ans, on lui fait rencontrer Charles Lafarge, Maître de forges au Glandier dans la Corrèze. Il se prétend fortuné, Marie tombe amoureuse et sous la pression familiale accepte le mariage.

En réalité, Charles Lafarge croule sous les dettes et était intéressé par la dot de 80 000 € francs or de sa femme, dès le lendemain du mariage la jeune femme découvre qu’à la place d’un château il n’y a qu’une vieille chartreuse délabrée, infestée de rats, et une belle-famille qui la déteste. Elle veut quitter la demeure, et propose à son mari de garder la dot, mais il refuse… elle revient à de meilleurs sentiments, et essaie d’améliorer la Chartreuse.

Pour trouver des fonds, pour éviter la faillite, Lafarge fait un voyage à Paris en décembre 1840, Marie fait confectionner à sa cuisinière des gâteaux qu’elle lui fera parvenir en quatre jours de voyage. Le même jour Lafarge est pris de vomissements, migraines, et rentre au Glandier. Le médecin diagnostique une angine, pourtant le malade va de plus en plus mal, il garde le lit et n’accepte de nourriture que de la main de sa femme. Son état s’aggrave, 11 jours après le maître de forges décède dans d’atroces souffrances.

Avant cet épisode, Marie, à plusieurs reprises, s’est fait livrer de l’arsenic de la pharmacie d’Uzerche, pour venir à bout des rats, elle en met un peu partout dans la demeure.

Sa belle-mère et sa belle-sœur l’accusent d’avoir empoisonné son époux, l’autopsie le 16 janvier ne découvre pas d’anomalie ! Il n’y a que des traces minimes sur le corps… à l’hôtel, aucun élément suspect n’est relevé, pourtant Marie sera arrêtée le 23 janvier et conduite à la maison d’arrêt de Brive.

Elle est inculpée de meurtre par empoisonnement et passe aux assises de Tulle, à l’issue de batailles d’experts et de contre-experts avec les plus grands spécialistes connus, aucune preuve formelle n’est trouvée contre elle et pourtant le jury, exclusivement masculin, la condamne au bagne à perpétuité.

Le procès a un retentissement considérable à cause de son cousinage avec Louis-Philippe, (sa grand-mère maternelle était fille illégitime de Philippe d’Orléans) les soutiens, comme Alexandre Dumas dont elle est une cousine par alliance, clament une inconsistance de preuves. Internée au bagne de Toulon sa santé se dégrade, sa peine est commuée en détention criminelle à perpétuité et elle est déplacée à la prison de Montpellier. Elle y contracte la tuberculose, hospitalisée à la maison de santé de Saint Rémy de Provence, graciée en 1852, elle meurt quelques jours après le 7 septembre 1852 après 12 années de détention.

Est-ce une erreur judiciaire ? Est-ce un crime parfait ? Cela reste une énigme policière soulevant de nombreux doutes… la médecine légale à cette époque était dans son balbutiement, on sait maintenant que trouver de l’arsenic sur un corps humain est normal les os en contiennent naturellement ! En 1978, on suppose que Lafarge est mort de la typhoïde dont le bacille était à l’époque mal identifié.

En 2011, le président de l’association « cercle Marie Lafarge Marie Capelle », Michel Gache, dépose au ministère de la Justice une demande de révision au vu de nouveaux éléments, le ministère accuse réception en 2016, une réponse est attendue !!! à suivre

L’invitée du dimanche