Des êtres d’exception
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 2 mai 2015 10:49
- Écrit par Claude Séné
La loi est la même pour tous. C’est le fondement de la démocratie et même de la simple vie en société. Et pourtant, il arrive régulièrement que des personnes s’exonèrent de ce principe en vertu de circonstances exceptionnelles, ou de leurs qualités réelles ou supposées. C’est, pour moi, le point commun de deux faits-divers a priori très éloignés l’un de l’autre. Le premier concerne la désormais ancienne présidente-directrice générale de l’Institut national de l’audiovisuel, qui a réussi à dépenser en 10 mois plus de 40 000 euros en frais de taxi.
Une somme considérable, surtout si l’on considère que Mme Saal disposait déjà d’une voiture avec chauffeur. Pour sa défense, elle estime que le recours au taxi était rendu nécessaire par le dépassement des horaires de travail de son chauffeur. On apprend surtout que son fils émargeait indûment sur le budget taxi de la mère et qu’elle demandait au chauffeur de l’attendre pendant ses déplacements, laissant le compteur tourner. Mme Saal avait pourtant annoncé une gestion rigoureuse de l’argent public, mais cette ancienne énarque ne pensait visiblement pas à appliquer ce principe à elle-même. Probablement estimait-elle qu’elle le valait bien et que le privilège pour l’état de bénéficier de sa supposée compétence devait se payer, quel que soit le coût.
L’autre exemple est très différent puisqu’il s’agit des abus sexuels dont sont soupçonnés 14 soldats français en République Centre Africaine pendant l’opération Sangaris. Selon des témoignages, malheureusement crédibles, d’enfants abusés, les soldats monnayaient leur aide alimentaire contre des faveurs sexuelles de leurs jeunes victimes, quand ils ne les violaient pas sans contrepartie. On a peine à imaginer que des compatriotes, qui plus est chargés par l’ONU d’une mission humanitaire au-delà du simple maintien de l’ordre, aient pu en arriver à de tels comportements. Là aussi, la seule explication avancée serait le stress engendré par les conditions difficiles sur le terrain et la compensation à un travail pénible et dangereux. J’y verrai pour ma part un sentiment de toute-puissance qui abolit le discernement et pousse à adopter une attitude inqualifiable et inadmissible.
Ce qui me frappe aussi dans ces deux affaires, c’est que la première réaction de Mme Saal a été de chercher la « taupe » qui avait révélé sa turpitude et que le directeur des opérations de terrain au Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits humains qui a fait fuiter le rapport sur la Centrafrique risque des sanctions. Cherchez l’erreur.