La fièvre et le thermomètre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 16 avril 2015 09:24
- Écrit par Claude Séné
Que celui ou celle qui n’a jamais essayé de trafiquer le thermomètre familial dans l’espoir d’éviter une journée de classe particulièrement pénible se lève et parle maintenant ou qu’il se taise à jamais. J’en connais même qui ont fait fondre le réservoir de mercure en le chauffant excessivement pour faire monter la colonne au-dessus du 38. Dans l’autre sens, la tentation est toujours grande quand on est devant un problème insoluble de s’en prendre à l’instrument de mesure et de briser le thermomètre à défaut de pouvoir faire tomber la fièvre.
C’est un peu l’impression que me laisse la proposition de Claude Bartolone de rendre le vote obligatoire pour renforcer l’engagement citoyen et l’appartenance républicaine. Cela fait déjà longtemps que les politiques de tous bords s’inquiètent de la progression de l’abstention. Mis à part l’élection présidentielle et les législatives, les scrutins sont boudés par de plus en plus d’électeurs et il est fort probable que les régionales de décembre ne feront pas remonter la moyenne. Quand il y a plus d’abstentionnistes que de votants, il est quand même permis de s’interroger sur la représentativité des élus.
Dans l’état actuel des choses, avec la prédominance du scrutin majoritaire, un candidat à la présidentielle peut parfaitement être élu au 2e tour après n’avoir rassemblé sur son nom qu’environ un quart des votants, soit un huitième des inscrits, sans compter les citoyens qui ne prennent pas la peine de se faire connaitre pour être admis à voter. De plus en plus, seules les personnes les plus convaincues se déplacent, et encore beaucoup d’entre elles perdent confiance dans les candidats supposés incarner leurs souhaits. Les abstentionnistes seront-ils plus au fait des questions sur lesquelles se jouent des élections ? Leur manifesteront-ils plus d’intérêt ? Rien n’est moins sûr.
Pour rendre les élections plus populaires, il serait, à mon sens, nécessaire de renouveler le personnel politique, en appliquant une parité réelle où les femmes seraient admises à exercer les responsabilités à égalité de chances avec les hommes, en bannissant tout cumul de mandats et en les limitant dans le temps, en poussant fermement vers la retraite les personnalités installées depuis trop longtemps pour faire de la place aux plus jeunes, en interdisant aux personnes condamnées de se présenter aux suffrages de leurs concitoyens. Là, peut-être, finirait-on par restaurer la confiance des électeurs à l’égard de leurs élus.