Les tontons flingués
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 4 avril 2015 10:33
- Écrit par Claude Séné
La semaine passée, nous avons assisté à un tir groupé contre François Hollande et son premier ministre Manuel Valls. Je ne parle pas de leurs adversaires naturels de l’opposition ou de l’extrême droite, ni même des alliés critiques de gauche, mais bien de membres bon teint de la majorité présidentielle. On se serait cru dans un film d’Audiard, tant cela flinguait à tout va. Et pas discrètement. On n’avait pas pris la peine d’ajuster des silencieux pour atténuer les déflagrations jusqu’à des « plops » à peine plus bruyants que des bouchons de champagne, tout juste bons à faire cligner des yeux un Francis Blanche.
Non, ça y allait franchement, au 357 magnum et au Police Python. Le premier à dégainer, et le plus surprenant dans le rôle de Raoul Volfoni, a été le superhéros des restaurants, que l’on a cru un temps perdu pour la politique quand il a cédé aux sirènes de l’entreprise privée en devenant vice-président d’Habitat, Arnaud Montebourg, qui a voulu démontrer que ses déclarations de 2007 sur Hollande, principal défaut de la candidate Ségolène Royal, étaient tout sauf un lapsus. Sa critique de la politique économique du gouvernement, bien que peu claire sur les solutions préconisées, a été radicale et lui a valu force « bourre-pifs » de ses successeurs à Bercy.
Plus surprenante encore, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, d’habitude réservée sur ses collègues, s’est découvert une vocation de Françoise Rosay en sortant l’artillerie du dessus de l’armoire où elle attendait des jours plus sombres. Elle critique vertement, c’est-à-dire comme les écologistes, le vocabulaire employé par le gouvernement, qui traduit l’abandon des valeurs de la gauche. Elle rejoint en cela Cécile Duflot, qui pourrait ressembler à la Marlène Jobert du film « il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages » et qui affirme que le logiciel de Valls est dépassé. Et voilà le tandem de Rita et sa tante Léontine reconstitué, pour le plus grand plaisir de l’opposition, qui compte les points.
On ne peut pas dire que ces attaques sont dénuées de tout fondement, mais font-elles véritablement avancer le schmilblick ? À force d’« éparpiller la majorité façon puzzle », est-ce qu’il ne risque pas de manquer des morceaux pour la reconstituer ? Et les morts de cinéma se relèveront-ils toujours pour saluer à la fin de la pièce ?