C’est une blague ?

La mode des canulars à l’occasion du 1er avril semble un peu dépassée. J’ai épluché pour vous les principaux sujets d’actualité nationale ou même locale et je n’ai réussi à dénicher qu’un « poisson », et encore même pas drôle, au sujet de la tour Bretagne, qui est la version nantaise, plus petite, mais aussi laide de la tour Montparnasse à Paris. Ouest France reprend une (fausse) information selon laquelle, la tour, amiantée, serait vouée à la destruction. Je soupçonne l’association TV sur Erdre, à l’origine de l’affaire, d’avoir pris ses rêves pour la réalité.

Non, ce qui a l’air d’une blague, mais n’en est pas une, c’est le succès fulgurant de l’animateur de télévision Cyril Hanouna, qui sévit sur la chaine D8 de la TNT et sur l’antenne radio d’Europe 1. Au point que le pathétique histrion s’est cru autorisé à présenter sa candidature à la présidence de France Télévision, pourtant suffisamment mal en point déjà après le mandat de Rémi Pflimlin, qui brigue un renouvellement de son poste. Bon, cette candidature a été présentée sous le signe de l’humour, une denrée qui est pourtant largement absente de l’émission Touche pas à mon poste, au profit de blagues, de farces potaches, de vannes plus ou moins drôles dont les ressorts sont souvent très largement en dessous de la ceinture. Elle fait fortement penser à la campagne de Coluche pour les présidentielles de 1981, les vraies, qui avaient commencé gaiement comme un ballon d’essai avant de s’achever tristement par un renoncement sans gloire.

Malheureusement, Cyril Hanouna a hérité de la grossièreté de Coluche, mais pas de son talent, tout comme Patrick Sébastien, dont il n’a pas non plus les qualités humaines. Ce qui ne l’empêche pas d’être plébiscité comme l’animateur le plus populaire de la TNT dont on fête les 10 ans d’existence. Est-ce que le CSA, qui doit choisir parmi les 8 candidats officiels à la présidence de France Télévision sera sensible à l’adage « vox populi, vox dei » ? Ce serait une première. Pourtant, un de ses membres éminents, Patrice Gélinet, a récemment rendu hommage à la contribution de l’animateur télé, qui apporterait à la langue française la verdeur d’un François Villon, d’un Rabelais ou d’un Frédéric Dard. Le compliment lui serait sûrement allé droit au cœur, s’il avait la moindre idée de qui il pouvait être question. Je blague, oh, c’est bon !