Ni ni peau d’chien

Que les riverains de la Bastoche me pardonnent ce rapprochement hasardeux. Autant la célèbre Nini chantée par Aristide Bruant est restée dans l’inconscient collectif comme le symbole d’une frondeuse, héroïne des ouvriers dans le quartier populaire de la Bastille, autant le ni-ni prôné par Sarkozy reste l’emblème d’un conservatisme étroit masquant mal des réflexes de classe. Le seul véritable point commun serait peut-être cette fameuse peau de chien de mer, autrement connue sous le nom de galuchat, et qui a servi d’ersatz quand on ne pouvait pas se payer du cuir véritable.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner l’appel du pied subliminal aux électeurs du Front national. D’un côté, on feint de les mettre dans le même sac que ceux de l’épouvantail de gauche, de l’autre, on défend le porc pour tout le monde à la cantine, pour flatter les islamophobes dans le sens du poil. Stratégie immorale dit le premier ministre. Stratégie suicidaire surtout. Sarkozy prétend n’avoir rien de commun avec l’extrême droite tout en essayant de siphonner ses voix comme en 2007 en pompant allègrement ses positions. L’ancien patron du FN, Jean-Marie Le Pen, disait non sans raison que les gens préfèrent les originaux aux imitations. Cela pourrait se vérifier à nouveau à plus ou moins long terme.

D’un autre côté, il faut relativiser l’impact de ce genre de consigne de vote. Si l’on en croit les résultats de la question du jour posée par M6 hier à ce sujet, seuls 8 % des personnes qui ont pris la peine de répondre ont indiqué leur intention de suivre ces recommandations. Un chiffre à rapprocher du résultat du « sondage » de la veille, où 25 % seulement jugeaient que le bon résultat de l’UMP aux départementales était à porter au crédit de Sarkozy. Inutile de vous dire que pour l’intéressé, les plumes du paon étaient siennes à 100 %. Pourtant, mis à part un orgueil démesuré, on ne voit pas bien ce qui a différencié cette campagne de celle qu’aurait pu mener l’ancien président de l’UMP, Jean-François Copé. En revanche, l’obstination de Sarkozy à ne pas vouloir se démarquer clairement des positions du FN, pourrait aboutir un jour à un ni-ni peau de chagrin.