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Floyd Traoré même combat ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 6 juin 2020 10:22
- Écrit par Claude Séné
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La tentation est grande de comparer la mort de George Floyd, requalifiée de meurtre, à Minneapolis et celle d’Adama Traoré en 2016 au commissariat de Beaumont-Persan en région parisienne. Dans les deux cas, un homme noir est décédé après son interpellation par des policiers blancs et les méthodes d’immobilisation sont critiquées pour avoir entraîné la mort de façon certaine dans un cas et possible dans l’autre. Ces affaires soulèvent de nombreuses questions et l’émotion mondiale suscitée par le décès de George Floyd aura déjà contraint la justice française, désespérément lente, à réactiver un dossier en sommeil.
Les sociétés française et américaine sont évidemment différentes, mais le point commun c’est un contexte de racisme et de violence policière. Les syndicats de police défendent naturellement leurs ressortissants et affirment que la police française n’est pas foncièrement raciste, même s’ils reconnaissent parfois des dérapages isolés. On aura du mal à y croire tant que les contrôles au faciès, qui sont de notoriété publique, continueront. La découverte d’un groupe Facebook clandestin réunissant des policiers pour échanger des plaisanteries à caractère raciste, ainsi que des affiches inspirées de Tintin au Congo dans certains commissariats, ne vont pas améliorer l’image de la profession, déjà très écornée par une récente vidéo sur l’incapacité supposée des « bicots » à surnager dans l’eau. Le fléau du racisme touche la population dans son ensemble, qu’il soit actif et assumé dans un petit nombre de cas, et l’on ne voit pas pourquoi il épargnerait la police, ou qu’il soit larvé, latent, et tout aussi redoutable en se manifestant sous forme de préjugés et de discrimination inconsciente.
S’articulant à la question raciale, se pose la question de la violence. Les gouvernements auront beau récuser l’expression « violence policière », le terme existe et reflète une réalité. En démocratie, seules les forces de l’ordre (comme on dit) sont autorisées à utiliser la force pour obliger les citoyens à respecter la loi. Ils sont dépositaires de l’autorité publique, et de ce fait, s’ils manquent à leurs obligations en ne respectant pas eux-mêmes les règles qu’ils sont supposés défendre, leur responsabilité en est majorée ainsi que les sanctions éventuelles. La nature humaine est ainsi faite que certains esprits faibles peuvent être tentés d’abuser de leur pouvoir. On ne peut pas exclure que des personnalités particulières choisissent de préférence des métiers où l’on peut légalement utiliser sa force et son pouvoir, voire donner libre cours à des tendances à la violence. Ce n’est certainement pas en se voilant la face sur les réalités que l’on résoudra les difficultés inhérentes à ces fonctions. Il est impératif d’encadrer plus étroitement les techniques et les armes mises à disposition des polices et de renforcer leur formation civique pour lutter contre toutes les formes de racisme qui existent encore dans la société française.