J’ai mal vers l’Aisne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 mars 2015 10:48
- Écrit par Claude Séné
Pourquoi l’Aisne ? Parce que c’est le département dans lequel le Front national fonde ses plus grands espoirs de remporter les élections qui vont se dérouler les 22 et 29 mars prochains. Des élections ? Si, si ! Je vous assure. Chez vous aussi, à moins que vous n’habitiez Paris, le grand Lyon, la Guyane ou la Martinique. Les chances, ou plutôt les risques de voir les amis de Marine Le Pen diriger un département sont minimes sur le papier, puisque leur parti est crédité globalement d’environ 30 % d’intentions de vote, ce qui est énorme pour une formation extrémiste, mais loin des 50 % théoriquement nécessaires pour obtenir la majorité.
Il n’empêche que le Front national aura des élus dans plusieurs cantons, même si certains des candidats l’ont été à leur insu ou même malgré eux et qu’ils sont souvent bien incapables d’aligner trois mots sur leur programme. Bon, il parait que c’est ça la démocratie, revue et corrigée par des apparatchiks sans scrupules. Un rapide calcul montre que pour faire barrage au Front national, il faut et il suffit que tous les autres s’entendent pour se soutenir mutuellement contre leurs candidats. C’est un peu contestable moralement, ce que ne manque pas de souligner le parti d’extrême droite, mais il faut parfois faire de nécessité vertu. L’inconvénient à moyen terme est de donner du crédit au slogan de l’UMPS et de faire monter mécaniquement le FN.
Une autre difficulté est de convaincre les électeurs de voter contre leurs convictions plutôt que de s’abstenir, au risque de banaliser cette pratique et de créer encore plus de confusion dans l’esprit des votants, déjà trop peu nombreux. Si les électeurs de gauche sont généralement rompus à l’exercice de ce que l’on appelait le Front républicain, la discipline est nettement plus difficile à imposer à un électorat de droite qui ne voit pas toujours la différence entre le discours du FN et celui de leur propre parti. Un exemple frappant en est donné par la récente décision du maire UMP de Chalon-sur-Saône de supprimer le repas de substitution dans les cantines scolaires pour permettre aux enfants musulmans de ne pas enfreindre leurs règles religieuses. Voilà qui rappelle fâcheusement la « soupe identitaire » à base de porc, servie par le groupe d’extrême droite le Bloc identitaire à l’intention des mal-nourris en excluant de fait juifs et musulmans. Bien difficile de s’y retrouver.
[1] Boby Lapointe dans Monsieur l’agent (« Au violon mes sanglots longs/ Bercent ma peine/ J’ai reçu des coups près du colon/ J’ai mal vers l’aine ! »)
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