Justice immanente
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 12 décembre 2019 10:31
- Écrit par Claude Séné
Je ne sais pas si elle existe vraiment, cette notion selon laquelle un criminel peut échapper à la justice des hommes, mais serait rattrapé tôt ou tard par une justice d’une autre essence, que certains appellent divine, mais j’aime assez à le croire. C’est pourquoi la photo du producteur américain Harvey Weinstein, se rendant en déambulateur au tribunal de New York pour se faire signifier le renouvellement de sa liberté surveillée sous une caution portée de 1 à 2 millions de dollars, a quelque chose de réconfortant.
Et il faut bien ça dans le contexte de cette affaire sordide où ce violeur en série est poursuivi pour avoir agressé et abusé des dizaines de femmes au long d’une « carrière » sinistre où il a pu se croire tout permis grâce à la puissance que donne l’argent dans une société hyper capitaliste. Précisément, de l’argent il va en falloir énormément. Pour commencer, 25 millions de dollars vont être provisionnés pour indemniser une partie des victimes, qui ont accepté le principe d’une transaction financière, notamment quand les faits étaient difficiles à démontrer ou même déjà prescrits. C’est évidemment une sorte de piège dans la mesure où l’accord « amiable » qui a été trouvé avec ces dizaines de femmes ne constitue pas une quelconque reconnaissance de la culpabilité du producteur. Mais c’est aussi un premier pas vers la dénonciation par la justice de ce système érigeant le droit de cuissage en institution. Les poursuites pénales seront donc maintenues et le procès aura lieu en janvier. Certaines victimes n’ont pas accepté l’indemnisation et Harvey Weinstein sera également poursuivi en dommages et intérêts au civil ultérieurement.
Ce qui est choquant, c’est que le responsable des faits, dont on pouvait espérer qu’il soit touché au point le plus sensible, son porte-monnaie, risque de ne pas débourser le moindre dollar, ni même sa société, mise en faillite par l’ampleur du scandale. En incluant les dettes laissées par la firme, ce sont 47 millions de dollars qui seront versés par les assurances. Il ne manquerait plus qu’il soit en bonne santé, ce qui n’est pas le cas puisqu’il doit se faire opérer du dos à la suite d’un accident de voiture. Mais ses avocats l’affirment, il sera présent et combatif pour son futur procès. Quant à ses finances, la procureure est persuadée qu’elles restent presque « illimitées », lui permettant de s’enfuir en jet privé s’il le voulait vraiment. Ce serait pourtant le châtiment le plus adapté à ses crimes que de se retrouver réellement ruiné. Que celui qui a vécu par l’argent, infligeant les plus lourds sévices à celles qui ne pouvaient s’y opposer, périsse par ce même moyen et finisse dans la misère la plus noire. On peut rêver, non ?