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Un oubli par omission
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 10 décembre 2019 09:42
- Écrit par Claude Séné
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Vivement que Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites, fasse valoir ses droits à une pension bien méritée : à bientôt 73 ans, il a perdu le compte de ses nombreuses activités, au point de ne plus se souvenir qu’il était administrateur de l’institut de formation des assureurs, qui se préparent avec délectation à proposer des retraites par capitalisation quand le fossoyeur du système par répartition aura fait sa réforme. Croyant atténuer sa responsabilité, le Haut-commissaire, un mètre quatre-vingt-treize sous la toise, affirme qu’il n’y connait rien dans ce domaine et qu’il n’y va presque jamais, faute de temps.
Apparemment, sa participation au conseil d’administration en question n’est pas rémunérée. Elle témoigne donc d’une connivence purement gratuite, d’une proximité qui interroge nécessairement sur un conflit d’intérêts éventuel. L’ascenseur fonctionne dans les deux sens, à la différence de l’ascenseur social désespérément bloqué entre l’entresol et le rez-de-chaussée depuis trop longtemps. Le directeur de la compagnie d’assurance AG2R La mondiale s’est prononcé sans équivoque sur le projet de réforme par points, la qualifiant de « bonne réforme » ouvrant des perspectives intéressantes. Parbleu ! Si l’on ne prend qu’une des rares mesures qui ont filtré concernant les hauts salaires, qui seraient partiellement exonérés de cotisations au-delà de 120 000 euros de revenu annuel, la somme ainsi débloquée ouvrirait un boulevard aux assureurs qui proposeraient des compléments de retraites à des personnes déjà très favorisées. Un vrai régime très « spécial » pour le coup, offert à de véritables privilégiés, qui voteront plus que jamais Macron, par reconnaissance du ventre.
Pour expliquer son erreur de ne pas avoir fait figurer cette fonction d’administrateur dans la déclaration obligatoire de ses intérêts auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, Jean-Paul Delevoye a invoqué un « oubli par omission », une expression aussi confuse que la réforme dont il est le porteur officiel tout en n’ayant pas la confiance de son patron qui préfère faire monter le Premier ministre en première ligne. Je connaissais le mensonge par omission, mais pas cette nouvelle version. Ou bien faut-il comprendre qu’en vérité, c’est la même chose ? Cette amnésie providentielle, qui n’a eu qu’un seul défaut, c’est d’avoir été démasquée, serait-elle volontaire ? Faut-il la mettre sur le compte d’une faiblesse intellectuelle liée à l’âge ? Pourrait-elle constituer les prémisses d’une affection neurologique ? on ne sait pas. Le plus probable reste quand même que les pressions des lobbies sont tellement intriquées dans la vie publique que ses acteurs finissent par ne plus s’apercevoir qu’elles existent. L’exemple de la reconversion de François Fillon qui vit désormais de la rentabilisation de son carnet d’adresses d’ancien Premier ministre en est une bonne illustration, lui qui disait clairement en 2016 que la retraite par points permettrait de baisser le niveau des pensions.
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