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Avoir la banane…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 décembre 2019 10:45
- Écrit par Claude Séné
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Ou pas ! L’expression est imagée. Ce sourire fendu jusqu’aux oreilles, ressemblant au fruit exotique symbolisant les Antilles françaises, Martinique et Guadeloupe, représente bien un état d’esprit qu’on aimerait conserver en toutes circonstances, même quand la vie n’est pas facile. L’affaire se gâte déjà un peu quand on évoque le chlordécone, ce pesticide cancérigène et perturbateur endocrinien extrêmement puissant qui a été utilisé massivement dans les bananeraies en France ultramarine pour lutter contre le charançon et dont les effets dévastateurs continuent à se manifester, les sols ayant été pollués durablement.
Une affaire scandaleuse démontrant une nouvelle fois les conséquences dramatiques de l’appât du gain immédiat et du manque de vigilance des autorités. Car la banane est certes délicieuse, qu’elle soit plantain ou grande naine, mais l’on a vite fait de glisser si l’on ne voit pas sa peau traîner sur un quelconque trottoir, déclenchant à coup sûr le phénomène du rire, au spectacle du « mécanique plaqué sur du vivant », selon Bergson. Beaucoup moins réjouissant, la banane est parfois associée dans certains stades de football à des insultes racistes, notamment en Italie, où de soi-disant « supporters » lancent des bananes aux joueurs noirs tout en émettant des cris suggérant ceux des singes, ou en les attaquant nommément. Comme la langue, selon qu’elle est à la sauce Madère ou non, la banane peut donc être la meilleure ou la pire des choses. Philippe Catherine, le célèbre fantaisiste vendéen (si, c’est possible) a tranché : il implore qu’on le laisse manger tranquillement sa banane, ce que, pour ma part je ferais volontiers, bien que sa voix de fausset soit particulièrement exaspérante. Au moins, il ne chantera pas pendant qu’il aura la bouche pleine.
Mais je ne saurais finir cette chronique sans indiquer que surtout, la banane peut rapporter gros. En effet, un « artiste » a vendu pour la modique somme de 120 000 dollars, une banane scotchée sur un mur, exposée à la Foire d’art contemporain de Miami. La banane ne présente aucun signe particulier, pas plus que l’adhésif utilisé pour la maintenir contre le mur, sinon qu’elle est bien mûre et donc destinée à pourrir assez rapidement. C’est sans doute pour lui éviter ce sort funeste qu’un autre « performer » l’a détachée du mur, l’a pelée, et l’a dégustée devant un public et des journalistes médusés. Cette vidéo a été relayée sur les réseaux sociaux sous le titre « artiste affamé ». Une fringale assouvie à prix d’or, me direz-vous ? Pas du tout. Le fruit a disparu, mais « l’œuvre » demeure. Au bout d’un quart d’heure, une nouvelle banane faisait son apparition sur le mur, pour la plus grande joie des amateurs. De quoi avoir la banane, non ?