Fahrenheit 451
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 février 2015 10:34
- Écrit par Claude Séné
Les images de propagande diffusées par Daech montrent la destruction d’œuvres d’art antiques d’une valeur inestimable conservées dans le musée de Mossoul tombé aux mains des fanatiques islamistes. L’alibi officiel pour ces actes de barbarie, c’est encore et toujours la religion. Les statues représentant des divinités antérieures à l’Islam, elles sont assimilées à des idoles, de faux dieux qui seraient adorés par des populations païennes à l’instar du fameux veau d’or dont il est question dans la bible. Comme si les Irakiens n’avaient rien de mieux à faire en ce moment que de se consacrer à l’idolâtrie.
Le but réel de ces exactions est double. D’une part, c’est une affirmation supplémentaire du pouvoir de nuisance exercé par l’organisation dite état islamique, dans le but de faire régner la terreur et d’impressionner les populations locales et l’opinion publique internationale. D’autre part, il y a un combat réel contre tout ce qui peut être un contrepouvoir à l’égard de la religion et de la loi islamique. C’est ce que démontrent les précédents. Quand les talibans s’en prenaient aux statues monumentales de Bouddah à Bamiyan, c’est bien un symbole religieux qui était visé, mais les destructions de manuscrits à Tombouctou répondaient à un autre objectif : s’attaquer à la culture sous toutes ses formes. C’est aussi ce qui s’est passé en Libye dans la région de Derna où les islamistes ont brûlé publiquement des instruments de musique considérés comme non islamiques.
Comment ne pas faire le rapprochement avec les autodafés dont a usé et abusé l’inquisition avant ses sinistres émules nazis ? Que ce soient des livres ou des humains, les uns comme les autres livraient au bûcher la terrible ration réclamée par un Moloch insatiable, au nom d’une religion ou d’une idéologie. En détruisant le patrimoine mondial de l’humanité, c’est à chacun de nous que Daech vole quelque chose. Il n’existe pas de mot équivalant à celui de génocide pour qualifier la destruction massive de fragments de notre histoire commune. C’est pourtant une forme de barbarie qui équivaut à des crimes contre l’humanité et c’est à juste titre que l’Unesco envoie une demande à la Cour pénale internationale pour que les auteurs de ces ravages soient traduits devant sa juridiction.
Malgré leur ignorance et leur aveuglement, les « fous de dieu » doivent pressentir que leur ennemi le plus efficace, c’est la culture, et c’est pourquoi ils s’acharnent à la détruire.