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Totem et tabou
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 13 octobre 2019 09:52
- Écrit par L'invitée du dimanche
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C’est le titre d’un ouvrage de Freud écrit en 1913, élaborant les principes de base de la psychanalyse sur l’inceste et le complexe d’Œdipe.
Pour ce texte, il se référait à un ouvrage de James Cook écrit en 1778 après un voyage détaillant les coutumes des populations polynésiennes.
Le totem, esprit protecteur du clan, incarné soit par un animal ou une espèce végétale, représentait l’ensemble des individus d’un même groupe social ayant ainsi une parenté totémique supérieure aux liens du sang. Les membres d’un seul totem avaient pour interdiction de tuer le chef, de parricide, de relations sexuelles avec les autres membres, la transgression étant sévèrement réprimée, c’est la loi de l’exogamie. Ces interdictions, fondement de toute culture, devenaient le tabou ayant un caractère sacré et dangereux, qui le violait devenait tabou lui-même avec lequel il convenait de ne pas entrer en contact. Le tabou est la racine du système moral et pénal de l’humanité, s’il est respecté, il est le garant de l’ordre social, de l’identité collective, de sa culture, de ses valeurs.
Nous sommes passés des tabous traditionnels aux interdits imposés par les dogmes de la plupart des religions. La Déclaration des droits de l’homme, définissant des droits, mais aussi des règles à respecter, en a fait lever un certain nombre ! La frontière n’en reste pas moins floue entre tabou et interdit, le tabou est un acte interdit qui touche au sacré, l’interdit qui touche au profane donne un contenu pratique au tabou.
Système d’interdiction appliquée à ce qui est considéré comme sacré et impur, il devient interdit d’ordre culturel ou religieux qui pèse sur le comportement, le langage, les mœurs. C’est un sujet qui ne doit pas être évoqué selon les normes d’une culture donnée, dont on ne doit pas parler par crainte ou par pudeur, objet, personne, ou comportement qui pourraient être dangereux pour les membres du groupe. Chez l’homme moderne, le premier tabou, c’est la loi de l’endogamie, interdisant les relations sexuelles avec sa parentèle qui donne le tabou de l’inceste (s’appuyant, d’ailleurs, sur les lois génétiques de la consanguinité).
Chaque communauté, au sens large du terme, érige ses propres tabous.
Dans plus de 40 % des familles, la sexualité, la mort, la maladie, la drogue sont des sujets qui ne sont pas abordés auprès des enfants. En bonne société, il y a des mots tabous, la masturbation féminine, le viol, la ménopause, l’avortement, les règles, l’IVG… Dans les entreprises, entre collègues, on évite de parler de ce qui pourrait fâcher, diviser et faire peur, comme les inégalités de traitement, les divergences de vues politiques, les harcèlements, les stratégies d’oppression ou d’exclusion… dans l’institution scolaire, on retrouve une grande partie des sujets tabous de notre société, le racisme, l’homophobie, le terrorisme, l’immigration, l’islamisme, le suicide, la drogue, le genre. Il faudrait ajouter la maladie, l’argent, le sexe. Depuis le manifeste des 343 salopes, beaucoup de paroles se sont libérées permettant à la société de dépasser certains tabous, comme celui du harcèlement par exemple. La loi sur le mariage homosexuel, celle sur la PMA vont dans le sens de dépasser préjugés et interdits, mais les manifestations récentes contre la GPA, montrent bien qu’il faut continuer à se battre contre les intégristes, les réfractaires, les réactionnaires, hostiles à toute évolution morale et sociale menant vers plus de liberté individuelle.
L’invitée du dimanche