Mets deux thunes dans l’bastringue

Cette vieille chanson de Jean Constantin, aujourd’hui oubliée, a eu son heure de gloire dans les années 50. Pour comprendre l’expression, il faut traduire un peu. Le bastringue en question, c’était le jukebox, cette machine venue tout droit des États-Unis qui permettait d’entendre les airs à la mode, moyennant une obole non négligeable ponctionnée sur notre argent de poche déjà bien entamé par le flipper et le baby-foot. La thune, c’était la pièce de 5 francs de l’époque, qui valait cent sous, alors que le sou n’avait déjà plus cours.

Alors je ne sais pas exactement qui a remis la première pièce dans le nourrain, mais la machine médiatique était en boucle hier soir sur les chaînes d’information continue sur la nouvelle sensationnelle selon laquelle Xavier Dupont de Ligonnès aurait été arrêté à sa descente d’avion du Paris-Glasgow. Il y a eu à ma connaissance pas moins de 4 ouvrages qui ont été consacrés à ce fait divers hors du commun et chaque chaîne, BFMTV ou LCI, s’était attaché les services d’un auteur pour commenter une information au départ bien mince pour tenir l’antenne pendant des heures. Je résume. Un homme ayant une vague ressemblance avec le meurtrier présumé le plus recherché de France a été dénoncé et se trouvait à bord d’un avion en partance pour la capitale écossaise. Arrêté à son arrivée à Glasgow, l’homme présente un passeport au nom de Guy Joao, résident à Limay en région parisienne, et également marié à une Écossaise, d’où ses fréquents aller-retour entre ses deux domiciles. Il accepte de fournir ses empreintes digitales, qui correspondraient à celles du fugitif.

On attend confirmation de son identité par la comparaison d’ADN. Ce qui n’empêche pas les journalistes de tirer les vers du nez de spécialistes et d’experts en tous genres pour réagir à ce qui n’est à ce stade que suppositions. À une heure aussi tardive, les chaînes ont pris ce qu’elles ont trouvé : jusqu’à Jacques Pradel, surtout connu pour ses émissions de fouille-merde, si vous me passez l’expression, qui y va de son commentaire sur des hypothèses concernant d’éventuelles opérations de chirurgie esthétique. Ce qui m’a surtout frappé, ce sont les quelques précautions oratoires concernant la culpabilité de l’homme recherché, au nom de la présomption d’innocence, alors que le moindre doute sur l’identité du suspect est balayé d’un revers de main. Et cependant, un témoignage discordant interroge tout esprit un peu critique : celui d’un voisin de Guy Joao qui affirme qu’il le connait depuis 20 ou 30 ans, qu’il est bien marié à une écossaise, et qu’il n’est pas Xavier Dupont de Ligonnès. Et me revient en mémoire la question fondamentale que mon prof de philo conseillait de se poser en toutes circonstances : « et si ce n’était pas vrai ? »

Commentaires  

#1 jacotte 86 12-10-2019 11:29
je n'y crois pas et toi non plus je suppose...
sinon toutes tes hypothèses que tu livreras un jour j'espère pour un livre de plus tomberaient à l'eau ,ce serait dommage
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