![](/images/breton_assis.png)
Épuisement
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 5 octobre 2019 10:52
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
« Je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée ». C’est par ces mots que commençait la lettre adressée par Christine Renon à ses collègues directeurs d’école et à son inspecteur avant de mettre fin à ses jours le 21 septembre dernier. Une marche blanche a eu lieu jeudi et des milliers d’enseignants se sont reconnus dans ses difficultés et l’ont manifesté. Certains parents ou collègues l’ont idéalisée en lui attribuant des qualités hors du commun et en lui donnant le nom d’ange gardien. Je crois surtout qu’elle a été victime d’un syndrome d’épuisement au travail que personne n’a vraiment vu venir.
Le métier d’enseignant est en France un exercice extrêmement solitaire. La fonction de directeur d’école en primaire ou en maternelle isole encore davantage. Malgré la minuscule carotte que représente l’indemnité allouée à ceux qui en acceptent les lourdes responsabilités, il n’est pas rare que l’on peine à trouver des candidats. Le problème ne date pas d’hier, et j’ai moi-même été confronté à une telle situation. J’étais volontaire désigné d’office pour assumer l’intérim de la direction de l’école où j’exerçais, mais je ne pouvais pas percevoir la maigre indemnité de direction au motif qu’elle restait versée au collègue en congé de longue maladie à l’époque. J’ai fini par obtenir gain de cause, non sans un courrier moralisateur stigmatisant mon manque de civisme. Quand on se sent aussi peu reconnu, y compris financièrement, c’est difficile de garder son cœur à l’ouvrage.
Je crains fort que les conditions de travail des enseignants et parmi eux celles des directeurs d’école, ne se soient pas vraiment améliorées depuis que j’ai quitté cette vénérable institution, par ailleurs machine à broyer les individus qui dépasseraient du rang. Pour une mesure utile comme le dédoublement de certaines classes, combien de contraintes supplémentaires sans véritables moyens, notamment l’accueil généralisé des élèves en situation de handicap, tout en restreignant les postes d’aide ? Ce ne sont pas les idées passéistes et rétrogrades de Mr Blanquer qui vont être d’un grand réconfort pour des enseignants mal considérés, mal payés, suspectés de ne pas travailler suffisamment, même quand ils sacrifient, comme Christine Renon, une partie de leurs week-ends pour tenter de résoudre les problèmes. Que l’on ne prenne pas en mauvaise part la comparaison, mais j’ai souvent constaté que les glaces « à la vanille » étaient parfumées, et encore, parcimonieusement, avec des gousses dites « épuisées ». C’est-à-dire des gousses ayant déjà délivré la plus grande partie de leur arôme. Ce qui n’empêche pas les industriels de les réutiliser à l’infini, jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus rien de leur valeur d’origine. Ce gouvernement, comme beaucoup des précédents, se contente de presser le citron avant de jeter la peau.
Commentaires