Un état de droits

Officiellement, le président Macron est très favorable à ce que les Français puissent manifester : « c’est bien que les gens s’expriment », a-t-il déclaré. Il n’a d’ailleurs pas tellement le choix, puisque ce droit à manifester est inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui a valeur constitutionnelle. Les Français l’ont pris au mot, et vont manifester ce week-end sous plusieurs bannières, ce dont il feint de se féliciter, tout en organisant soigneusement l’encadrement de ce droit.

7 500 gendarmes et policiers seront mobilisés à Paris, un dispositif équivalent à celui du 1er mai, afin de bunkériser les secteurs sensibles : Champs-Élysées, Assemblée nationale, Matignon, Tour Eiffel, Sénat, etc. Ce sera le grand retour dans la capitale des Gilets jaunes et avec eux des Black blocs. Il y aura aussi des « marcheurs pour le climat et la justice sociale » à l’appel de nombreuses ONG, alors que les plus jeunes auront déjà séché les cours vendredi pour les mêmes raisons. Il y aura aussi une manifestation à l’initiative de FO contre la réforme des retraites, tant et si bien que les militants les plus engagés ne sauront plus où donner de la tête et protestent contre des horaires qui ne leur permettront pas de participer à tous ces rassemblements. Il aurait suffi pour leur donner satisfaction que les différents mouvements s’entendent pour une manif commune, mais nous n’en sommes visiblement pas là, au grand soulagement du pouvoir, qui a déjà vacillé en décembre dernier. La situation se complique encore du fait des journées du patrimoine, qui font de ces 2 jours ceux de tous les dangers. L’Élysée sera ouvert, par bravade de son locataire, mais il faudra s’inscrire, soi-disant pour le confort des visiteurs, afin de réduire les files d’attente.

Comme on le voit, faute de pouvoir empêcher les Français de montrer leur mécontentement, l’exercice consiste à tenter de vider ce droit de son sens, en interdisant certains périmètres, en soumettant les autres à autorisation, à faire semblant de rétablir un ordre qu’ils auront eux-mêmes bien souvent contribué à perturber en n’arrêtant pas préventivement les éléments les plus violents, pourtant bien connus, et en provoquant les manifestants, y compris pacifiques et non violents. Tout en blâmant les éléments les plus radicaux des manifestants, le président a admis à demi-mot qu’il leur devait une fière chandelle. Si la France a échappé à la récession qui guette l’Allemagne, par exemple, c’est bien parce que Macron, contraint et forcé, a finalement, sous la pression de la rue, consenti à lâcher sur la politique de rigueur, quitte à abandonner le dogme de la limitation du déficit à 3 % du PIB, et a injecté de grosses sommes dans l’économie. Un coup de génie malgré lui, mais les inégalités subsistent !

Commentaires  

#1 jacotte 86 21-09-2019 12:55
les mesures dues à la pression des gilets jaunes c'est l'arbre qui cache la forêt...a cause des suppressions de cotisation des heures supplémentaires la sécu "encaisse" un déficit de 25 milliards que l'état selon la loi devrait couvrir mais qu'il ne semble pas vouloir faire...qui va encore payer?
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