Mieux vaut tard

Oui, je sais, je suis à la bourre. Il y a eu une actualité fournie qui m’a empêché de rendre l’hommage qu’il méritait au défunt roi d’Arabie saoudite, alors que la plupart des chefs d’État se sont empressés d’aller saluer la mémoire du défunt et de ses champs de pétrole. Même le président Obama, un homme pourtant très occupé au point de n’avoir pas eu le temps de se rendre à la manifestation parisienne pour la liberté d’expression, a trouvé un moment pour présenter ses condoléances en personne.

Mais qui connaissait vraiment le roi Abdallah dans l’opinion ? Si l’on en croit Christine Lagarde, née Lallouette, qui n’a toujours pas fait le printemps arabe, cet homme gagnait à être connu, lui qui, selon elle, était un grand défenseur des femmes ! Non ? Sans déconner ? Elle est sûre ? On parle bien du même, là ? Le roi d’un pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire ? Où elles ne peuvent rien faire sans l’autorisation de leur père ou de leur mari, genre travailler, ouvrir un compte en banque, suivre des études, tout ça… ah ! Oui, mais le Roi a nommé 20 % de femmes au parlement, ça fait plus joli dans l’assemblée, elles auront bientôt le droit de voter aux municipales, et si ça se trouve, d’être élues, à condition bien sûr de faire partie des candidats désignés par le Roi. Il ne faut pas déconner quand même.

Donc, Abdallah était un féministe qui cachait si bien son jeu que personne ne s’en était aperçu, à part la clairvoyante directrice du FMI, qui souligne le côté « discret » de son engagement. Pour être honnête, il faut observer que si le Roi se souciait du droit des femmes, il n’oubliait pas pour autant les droits de l’homme, qu’il bafouait tout autant et sans discrimination. Au moment où beaucoup de pays manifestaient pour la liberté d’expression, l’Arabie saoudite exécutait la peine infligée à Raif Badawi, un blogueur coupable de critiquer le régime et la religion, condamné à 10 ans de prison, 225 000 euros d’amende et 1000 coups de fouet. La flagellation risquant d’entraîner la mort prématurée du malheureux opposant, ce qui gâcherait la fête, elle a été répartie sur 20 séances hebdomadaires. Quand on vous dit que cet homme-là était profondément humain ! Mais que ses fans se rassurent, son successeur, demi-frère du précédent, n’a pas l’intention de changer quoi que ce soit, al hamdoulilah ![1]



[1] Dieu merci !