Le désir et le droit

Le comité consultatif national d’éthique a rendu un nouvel avis favorable à l’extension de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, y compris les couples homosexuels et les femmes seules. En revanche, il s’oppose toujours à la gestation pour autrui, qui selon lui, implique la marchandisation du corps des mères porteuses. Ce nouvel avis confirme celui de 2017 et devrait permettre la rédaction d’une loi concernant la bioéthique, amendant le précédent texte qui date de 2011. Il faut évidemment s’attendre à une réaction défavorable des tenants de la manif pour tous, qui ont déjà commencé à se mobiliser.

Le cœur du sujet de la PMA, c’est bien sûr le désir d’enfant. Le CCNE reconnait la légitimité de ce désir, indépendamment de la situation administrative des personnes concernées, et accepte l’idée d’une aide envers celles qui ne peuvent pas concevoir de manière « naturelle ». Les progrès de la science et de la médecine ont rendu possibles des fécondations in vitro, les fameux « bébés éprouvettes », et les dons de gamètes suppléent les carences éventuelles de l’un ou l’autre parent. Au nom de l’égalité entre les femmes, le CCNE admet donc qu’elles puissent avoir recours à ces techniques, sans discrimination aucune. Cette logique débouchera tôt ou tard sur la reconnaissance du désir d’enfant chez les hommes et reposera la question de la GPA. On ne pourra pas durablement défendre l’égalité entre les sexes sans reconnaitre cette réalité et la traduire dans le droit. Les adversaires de cette mesure opposent le désir d’enfant et un supposé « droit à l’enfant » qu’ils contestent. Ces deux notions sont cependant indissociables, dès l’instant où l’on admet que ce désir est légitime.

En cause en effet le modèle familial traditionnel, dans lequel les couples se forment exclusivement entre personnes de sexes différents, unis par le mariage et voués à la survie de l’espèce, tel qu’on les représente sur les banderoles de la manif pour tous. Ce modèle ne correspond plus à la réalité des sociétés occidentales telles que la société française. Actuellement, 60 % des enfants naissent hors mariage et trois enfants sur dix vivent dans une famille recomposée ou monoparentale. Des modifications en profondeur beaucoup plus importantes que les quelques milliers de mariages entre personnes du même sexe, accusés par les réactionnaires traditionalistes de saper les bases de la société. Ils confondent l’effet et la cause. Ce sont les mutations de la société qui permettent l’apparition de ces nouveaux phénomènes et non l’inverse. Les prudences du CCNE ne font que refléter ces combats d’arrière-garde. Si le fait précède généralement le droit, il finit toujours par s’imposer.

Commentaires  

#1 poucette 27-09-2018 12:02
d'accord avec ton analyse j’ai des questions sur la gestation pour autrui quand elle suppose une rémunération
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