Qui veut la peau de l’Aquarius ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 26 septembre 2018 10:50
- Écrit par Claude Séné
A priori, c’est Mateo Salvini, l’emblématique vice-président du Conseil italien qu’il dirige au nom de la Ligue du Nord en lien étroit avec Luigi di Maio qui représente les populistes du mouvement Cinq étoiles. En sa qualité de ministre de l’Intérieur, il a décidé de fermer les ports italiens aux migrants et notamment aux navires, qui, comme l’Aquarius, portent aide et secours à ceux qui tentent la traversée sur des embarcations de fortune. Mateo Salvini assume sans complexe de jouer le rôle du méchant, mais il souligne, non sans raison, l’hypocrisie d’Emmanuel Macron sur le sujet.
En effet, la France refuse obstinément d’accéder à la demande de l’ONG de faire débarquer les 58 migrants qui se trouvent à son bord dans le port de Marseille, pour ne pas donner prise à la critique de la droite sur une supposée faiblesse. Emmanuel Macron s’abrite derrière la législation européenne qui préconise de faire accoster le navire dans « le port sûr le plus proche ». La motivation de cette disposition est évidemment au départ d’écourter les délais de prise en charge et de trouver une solution satisfaisante et sûre. En l’occurrence, il aura fallu plusieurs journées pour arriver à décider d’un débarquement à Malte, et il faudra attendre encore deux ou trois jours supplémentaires pour permettre un transbordement des réfugiés en pleine mer. Car l’Aquarius est confronté à un problème de pavillon. Après Gibraltar, le Panama a décidé librement sous pression italienne de lui retirer son drapeau. Une décision effective dès qu’il accostera. L’Aquarius se retrouvera donc bloqué dans le port où il touchera terre. D’où son souhait de faire route pour Marseille, en espérant obtenir le pavillon français pour poursuivre ses activités.
En cas, probable, de refus, il n’y aura alors plus aucun navire d’ONG à croiser en Méditerranée pour aider les migrants, et c’est exactement ce que souhaite l’Union européenne, qui préfère financer les garde-côtes libyens afin de dissuader les candidats à la traversée et le cas échéant les ramener en Libye où ils sont exploités et persécutés sans relâche. Là où la France, par la voix de ses regrettables responsables actuels est particulièrement faux-cul, c’est quand elle tente de détourner l’attention de ses propres turpitudes en chargeant l’Italie, dont elle fait le bouc émissaire unique des insuffisances humanitaires. C’est faire peu de cas de la politique française dans les régions sous tension, que ce soit du côté de Vintimille, de Dunkerque, ou même de Nantes qui semble renouer avec un passé infâme de négriers en traitant les réfugiés de façon indigne d’une nation civilisée. Voir la poutre dans l’œil de l’Italie ne doit pas nous dispenser de faire le nécessaire pour enlever la paille qui nous empêche de voir correctement la situation et y remédier.