Années-lumière
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 19 janvier 2015 10:20
- Écrit par Claude Séné
Les manifestations contre Charlie hebdo qui se sont déroulées dans plusieurs pays musulmans à cause de la une du journal satirique français sont incompréhensibles pour un libre penseur comme moi. Je peux, à la rigueur, essayer de me mettre à la place d’un croyant et envisager ma réaction à ce qui pourrait s’attaquer à mes idéaux. D’ailleurs, c’est ce qui se passe tous les jours, puisque je vis dans une société et un monde profondément inégalitaires. Cela me peine, mais je ne suis pas détruit par cela, comme semblent l’être les populations qui protestent violemment contre un simple dessin qui ne devrait pas menacer leur foi.
Les manifestants n’envisagent tout simplement pas que l’on puisse ne pas croire en un dieu, le leur ou un autre, puisqu’ils se sont vengés sur des églises chrétiennes, dont Charlie se moque tout autant que des mosquées ou des temples. Nous ne vivons visiblement pas dans le même monde puisque la laïcité de l’état français permet la pratique religieuse, alors que leur religion, dans une lecture restrictive, interdit l’expression d’opinions contraires à son dogme. Je croyais naïvement que notre société était plus ou moins épargnée par cette forme d’obscurantisme jusqu’à ce que j’entende des témoignages de professeurs qui enseignent dans des quartiers difficiles, comme l’on dit.
J’ai retenu tout d’abord cette question adressée en toute innocence par une adolescente à son prof : « et vous, madame, vous êtes pour ou contre l’attentat à Charlie hebdo ? » et aussi une remarque à cause d’une canette de coca : « vous ne devriez pas boire ça, ça enrichit les amis des juifs qui assassinent des bébés en Palestine ». Si l’on ajoute à cela les tonnes de bobards qui circulent sur les réseaux sociaux à propos de complots de toutes sortes visant à créer un sentiment paranoïaque à l’égard de la société, cela achève de me convaincre que je vis à des années-lumière de certains de mes concitoyens, tout comme je me sens éloigné de certaines sociétés théocratiques de par le monde. Les uns et les autres sont pris dans un corpus idéologique au fond de même nature. Nous serions surveillés, par un Big Brother, ou par un dieu pointilleux, afin de vérifier que nous restons dans le camp du bien contre le mal. En dehors de ce manichéisme primaire, point de salut, ni éternel ni terrestre. Eh bien, il faut y résister.